Le manque criant d'intelligence économique en Algérie a fait que le projet coûtera à l'Etat 15 milliards de dollars. De ces révélations fracassantes qui donnent froid dans le dos, celle portée récemment sur la place publique et ayant trait au mégaprojet d'autoroute Est-Ouest émane du Dr Nasser Bouyahiaoui, éminent expert en économie et consultant international dans le domaine de l'intelligence économique. M.Bouyahiaoui notera sans détours que le coût du projet d'autoroute Est-Ouest atteindra les 15 milliards de dollars. Exorbitant, précise-t-il, par rapport à l'utilité du projet lui-même. Faisant appel au langage des chiffres, l'économiste notera qu'aux premiers balbutiements du projet d'autoroute Est-Ouest remontant aux années 60, la réalisation de cette infrastructure devait coûter à l'Etat algérien la bagatelle d'un milliard de dollars. Un montant réévalué à maintes reprises en raison de ses multiples reports. Actuellement, ce montant est fixé à 11 milliards de dollars et ce, conformément aux clauses du contrat paraphé entre les responsables du gouvernement algérien et ceux du consortium sino-japonais en charge de la réalisation du projet. L'itinéraire global de ce dernier est de 1216km traversant le territoire de 24 wilayas du nord du pays. Officiellement et selon les déclarations même du ministre Ghoul, le démarrage des travaux afférent à la construction de l'autoroute Est-Ouest est effectif depuis le 18 septembre de l'année écoulée. Cependant-paradoxe à l'algérienne- ce n'est que récemment que le président de la République a eu à procéder, au cours de ses déplacements à l'intérieur du pays, à l'inauguration solennelle des tronçons de l'autoroute. Cette manière d'agir est de nature à influer sur les délais de réalisation de l'autoroute Est-Ouest, fixés pourtant à 40 mois non extensibles. Mais ce qui inquiète au plus haut point l'opinion publique au sujet de ce mégaprojet, a trait à l'opacité de la gestion dont il ne cesse de faire l'objet. Preuve en est, depuis le lancement des travaux le 18 septembre, aucun bilan partiel ayant trait à la réalisation des 267km confiés aux entreprises chinoises et japonaises n'a été rendu public. Pas la moindre visite guidée au chevet de ces chantiers entrepris par les Chinois et Japonais n'a été organisée par la tutelle. Pourtant, le premier responsable du ministère des Travaux publics passe pour être l'un des commis de l'Etat les plus présents sur le terrain. En sus, et au grand dam des précautions prises par M.Ghoul allant dans le sens de la préservation de l'environnement, on apprend que le tracé de l'autoroute passe par le parc national d'El-Kala, ce fleuron de la biodiversité méditerranéenne. Une déroute qui ne dit pas son nom.