Ils risquent la sanction extrême, à savoir la perpétuité. Le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, M.Abdelmalek Sayah, a annoncé, hier, que les textes d'application de la loi promulguée en décembre 2004 pour lutter contre le phénomène de trafic et de consommation de la drogue sont finalisés et seront bientôt publiés dans le Journal Officiel. L'accent est mis dans ces textes sur le durcissement des peines pour les barons et les dealers qui risquent, désormais, la sanction extrême, à savoir la perpétuité. D'autre part, le directeur de l'Onldt a mis en avant un projet proposé par l'Office au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales à travers lequel les walis s'engagent à s'impliquer et à suivre de près les programmes de lutte contre la drogue afin que celle-ci aboutisse. Au sujet de la lutte menée par les services de sécurité contre les narcotrafiquants Sayah expliquera la difficulté de la tâche car, dit-il, «les barons agissent souvent sous des pseudonymes et des sobriquets qui compliquent les procédures de leur identification». Il annonce, ainsi, que pas moins de 44 individus font l'objet d'intenses recherches car considérés comme d'importants acteurs dans le trafic de la drogue. Depuis la chute du tristement célèbre baron originaire de Chlef, Zendjabil, de multiples réseaux de narcotrafiquants ont été démantelés. Des réseaux ayant des connexions avec des partenaires étrangers installés en Europe et au Maroc et bénéficiant de complicités au sein même des différents corps de sécurité. Ce qui facilite davantage la circulation aussi bien des tonnes d'opium que des dealers à travers tout le territoire national. D'où leurs capacités à passer en travers des mailles des filets dressés par les brigades de lutte contre la drogue. C'est presque le même schéma classique observé au Maroc qui est importé par nos narcotrafiquants. Toutefois, les enquêteurs de la police et la gendarmerie, note-t-il, comptent remonter les filières en exploitant les informations tirées des petits dealers et des citoyens qui doivent s'impliquer davantage dans cette lutte car personne n'est épargné par ce fléau. Il s'agit, généralement, de structures pyramidales qui activent des réseaux parfois isolés agissant au niveau local et international. De même que des connexions ont été relevées par les différents services de sécurité pour ce qui est du phénomène de blanchiment d'argent et du recyclage des fonds amassés du trafic de la drogue. Par ailleurs, la loi en cours accorde le statut de patient au consommateur qui accepte une prise en charge médicale de désintoxication. Dans ce cadre précis, l'Etat prévoit la construction, d'ici la fin 2008, de 53 nouveaux centres de désintoxication dans différentes régions du pays pour combler le vide en matière de structures de prise en charge et de soins spécialisés. Actuellement, seulement deux centre, dans le genre sont en activité. Invité par la Radio nationale Chaîne I à débattre du phénomène du trafic de la drogue qui prend des proportions énormes dans le pays, l'ancien procureur général de la cour d'Alger a lié la tendance à l'évolution de la consommation de drogue chez les jeunes à plusieurs raisons, dont essentiellement l'implosion de la cellule familiale, la démission des parents de leur rôle de suivi, d'encadrement et d'éducation des enfants, de la situation précaire et de désespoir dans laquelle vit une grande partie de cette jeunesse, à la hausse du phénomène de la déperdition scolaire et aux effets de la mondialisation (libération du commerce et l'accroissement des échanges avec l'étranger). Revenant sur la question de l'apparition d'une nouvelle tendance dans ce trafic qui se manifeste par la découverte et la saisie de plus de soixante mille plants de pavot cultivés dans les champs du sud du pays, l'invité de la Radio a établi un lien direct entre la pression exercée par les services de sécurité sur les réseaux des narcotrafiquants aux frontières ouest du pays et l'apparition des cas de culture à grande échelle de cette drogue. Il s'agit d'une réponse à une situation qui fait que les barons de la drogue ont trouvé une solution de substitution en encourageant les fellahs et les propriétaires terriens à s'adonner à ce genre de culture qui rapporte beaucoup d'argent. Une manière d'avoir une certaine autonomie et indépendance par rapport à l'approvisionnement effectué traditionnellement du pays voisin. L'Office, avec la collaboration du Centre national des statistiques, prévoit de lancer des études et des sondages en milieu scolaire pour identifier le taux de consommation réel à ce niveau. Pour ce qui est de la prévention, l'Office prévoit un vaste programme d'actions en collaboration avec différents ministères dont le MJS, les Affaires religieuses et la Santé. Des protocoles d'accord signés concernent la mobilisation des quinze mille mosquées à travers le territoire national, pour sensibiliser les citoyens sur les dangers de la montée de ce phénomène et l'organisation de journées ouvertes de sensibilisation des citoyens. Sur le plan médiatique, Abdelmalek Sayah rappelle la signature par son établissement d'un protocole d'accord avec la Radio nationale, le 15 avril dernier, pour la confection d'émissions de sensibilisation des citoyens sur ce phénomène. Tout comme il est programmé, dans le cadre des activités de l'Office, une conférence nationale le 26 et 27 juin à Alger réunissant un grand nombre d'associations impliquées dans la lutte contre la drogue.