Cette question, qu'on croyait dépassée, est sans cesse relancée par les exigences américaines, dont la plus urgente semble être, pour le moment, l'implantation d'un commandement militaire dans la région maghrébine. L'Algérie s'est démarquée de la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme en Afrique, axée sur la mise en place d'un commandement central pour l'Afrique (Africom), en affirmant privilégier les mécanismes déjà existants de «sécurité collective» de l'Union africaine. A l'issue d'un entretien dimanche à Alger avec le sous-secrétaire d'Etat américain à la Défense, Rayan Henry, les autorités algériennes ont insisté sur le «potentiel de sécurité collective» de l'UA et «les mécanismes africains propres de sécurité», selon une «source autorisée» citée par l'APS. Henry avait été reçu par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelamalek Guenaïzia, et le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. La rencontre a eu lieu dans le cadre d'une campagne d'explication de Washington sur les objectifs de l'Africa Command (Africom) que les Etats-Unis veulent installer en Afrique pour intensifier la lutte contre le terrorisme, notamment au Maghreb et dans les pays du Sahel. Cette question, qu'on croyait dépassée, est sans cesse relancée par les exigences américaines, dont la plus urgente semble être l'implantation d'un commandement militaire dans la région maghrébine. Récemment encore, l'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, Robert Ford, avait dit: «Ecoutez, il n'existe pas de base militaire américaine en Algérie. A aucun moment nous n'avons demandé d'établir une base militaire en Algérie, et nous ne demandons pas. Moi-même, je n'ai pas entendu que des officiels américains avaient formulé pareille demande». La suite avait été une baisse de tension entre les deux pays, mais Washington avait insisté auprès d'autres pays de la région pour que cela se fasse dans un délai dont l'échéance serait fixée à septembre 2007 pour permettre à cet ensemble d'être opérationnel à l'automne 2008. En fait, il existe un commandement militaire américain pour l'Afrique. Le grand commandement se trouve à Berlin, avec un volet ouvert sur l'Afrique ayant en charge la région du Maghreb et le continent africain. Ce commandement est dirigé par le général Ward. La question qui se pose est la suivante: va-t-on rester (pour ce qui concerne l'Afrique) en Allemagne? Va-t-on déplacer le siège? C'est possible...Le Congrès n'a pas encore donné le financement nécessaire pour l'opération..«Les commentaires préliminaires développés à cette occasion par la partie algérienne ont mis en évidence l'état et les perspectives des efforts déployés par l'UA en vue de valoriser le potentiel de sécurité collective à l'échelle du continent dans la conformité à son pacte de non-agression et de défense commune» a-t-on réitéré ainsi à Alger. Les responsables algériens ont évoqué la mise en place de mécanismes africains propres pour la prise en charge des besoins en termes d'opérations de maintien de la paix, dont la force africaine en attente de formation, et exposé les arrangements entre l'UA et l'ONU, ainsi que les dispositifs (...) de lutte contre le terrorisme dont l'Afrique s'est dotée pour contribuer efficacement à une coopération antiterroriste globale, selon l'APS. L'UA est dotée d'un Conseil de paix et de sécurité (CPS) pour la prévention des conflits et le déploiement éventuel de forces d'interposition entre belligérants, mais ses moyens sont très faibles. En mars dernier, Alger avait marqué ses réticences concernant l'Africom en annonçant qu'elle refusait d'être intégrée dans le champ d'action de ce commandement régional. «Le territoire algérien n'est pas concerné par le commandement américain projeté. L'Algérie n'a jamais accepté l'installation de bases étrangères sur son sol, (qui seraient) incompatibles avec sa souveraineté et son indépendance», avait déclaré l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Les Etats-Unis font, depuis lors, du forcing afin de pousser, soit l'Algérie, soit le Maroc à accepter l'installation, sur leurs territoires respectifs, d'une base militaire qui servirait, selon Washington, à surveiller le mouvement très inquiétant des groupes armés de la triple région maghrébine, saharienne et sahélienne, qui se servent de vastes étendues désertiques pour en faire une rampe de lancement au service d'Al Qaîda.