L'institution présidée par l'Egyptien, Amr Moussa, a appelé à un cessez-le-feu et à la reprise du dialogue. Et après? La cause palestinienne risque d'en pâtir. Déjà que le cadre régional est délétère. La lutte fratricide en Palestine inquiète. Première conséquence: la scission de la société palestinienne. La seconde est de séparer politiquement la Cisjordanie et la bande de Ghaza. Pour éviter un tel scénario, les ministres arabes des Affaires étrangères se sont réunis hier au Caire sur convocation de l'Egypte pour débattre de la situation en Palestine et au Liban. Quatorze ministre arabes ont pris part à cette réunion extraordinaire. La veille, jeudi, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a appelé à un «arrêt immédiat des combats au nom de tous les arabes» à l'issue d'une réunion des représentants permanents de la ligue arabe. «Ces combats sont très dangereux pour la cause palestinienne», a-t-il déclaré dans un communiqué. La réunion d'hier est une occasion, selon Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, «de dégager une plate-forme pertinente à même d'apaiser la situation en Palestine et réaliser une réconciliation entre Palestiniens». L'opportunité est donnée aux ministres arabes de prouver la solidarité inter-arabe et de prendre des décisions à même de permettre «le retour au dialogue entre les parties palestiniennes concernées» a ajouté Mourad Medelci. Après analyse de la situation dans les territoires palestiniens mais aussi au Liban et en Irak, les ministres arabes ont appelé les belligérants à cesser le combat et entamer un dialogue serein. Cependant au conflit interpalestinien, ayant fait 116 morts et 550 blessés en une semaine, s'ajoute la crise politique au Liban. De ce fait, les solutions politiques se compliquent. Certes, l'Arabie Saoudite avait tenté un rapprochement entre les Palestiniens. L'espoir né de l'accord de La Mecque a fondu comme neige au soleil bien avant que l'encre ne sèche. Le clash entre Hamas et le Fatah constitue, de ce fait, un camouflet pour Riyad au même titre que pour l'Egypte qui a décidé, hier, de rappeler le personnel de sa représentation diplomatique de la bande de Ghaza. Or, du fait qu'Israël a refusé l'offre de paix proposée par le 19e Sommet de la Ligue arabe tenu, justement, à Riyad, les portes de sortie de crise pour la région sont difficiles à trouver. Même la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères n'a pas mis la main sur le sésame. Outre la situation dramatique dans les territoires palestiniens découlant des affrontements entre les mouvements Hamas et Fatah et les moyens d'y remédier, les ministres ont examiné, lors de cette rencontre, les derniers développements sur la scène libanaise. Mais que peut faire la Ligue arabe devant une impasse politique dont la conséquence pourrait être la multiplication de milices et de terroristes? Si ce n'est de communier avec un peuple, meurtri, l'espace d'un deuil, dans la douleur. Le constat vaut d'ailleurs pour cette cascade de condamnations internationales. Car si le monde entier sait très bien qui, du dehors, s'acharne à faire violence dans la région, si toute une salve de résolutions de l'ONU est venue mettre en relief le rôle dévastateur d'Israël, si la menace de sanctions a été souvent brandie (mais seulement brandie), les puissances ne se sont pas entendues encore sur les moyens de traiter la question. Et encore moins, la Ligue arabe. Mais, diront d'autres, comment reprocher son inconsistance à la Ligue arabe, son interminable valse-hésitation entre carotte et bâton, quand les Palestiniens et les Libanais eux-mêmes poussent à la roue du désastre, quand ils sont aussi profondément divisés sur l'essentiel. L'unité nationale et leur rôle à jouer -ou se garder bien de jouer!- dans cette partie de la planète. Aussi que l'on cesse enfin de faire des réunions extraordinaires et des discours de circonstance, la panacée de tous les maux sévissant dans le monde arabe.