L'Algérie demeure un pays ouvert à ceux qui s'obstinent à faire d'elle un immense laboratoire. Les Afghans sont-ils de retour? Des informations recoupées font état de leur réapparition au niveau des zones II, VI, VII. Si leur nationalité ou leurs origines n'ont pas encore été confirmées, leur présence est plus que sûre. Des habitants des douars isolés à travers les wilayas de Jijel, Guelma, Skikda et Annaba et des sources généralement bien informées l'ont formellement affirmé. Cependant, ces mêmes sources restent prudentes quant à l'identification précise de ces Afghans arabes. Il est, toutefois, indiqué que quelques indices démontrent qu'ils pourraient venir du Maroc et de la Mauritanie. Depuis quelques semaines, ces deux pays connaissent une lutte féroce des services de sécurité contre des bastions salafistes considérés comme des relais aux réseaux dormants du mouvement djihadiste. Au vu de la situation politique et sécuritaire au Maghreb, on peut dire qu'il s'agit plus que d'une hypothèse. L'Algérie demeure un pays ouvert et ceux qui s'obstinent à faire de ce pays un immense laboratoire à leurs thèses guerrières n'ont pas encore baissé les bras. Même si, au fond, ils savent que toutes leurs tentatives subiront, tout simplement, un échec, car ils font face à un Etat engagé dans la lutte antiterroriste. On avait, selon nos sources, comptabilisé une vingtaine entre Jijel et Skikda et une dizaine entre Tizi Ouzou et Boumerdès. Ces «desperados» ne sont pas entrés dans le territoire algérien sans avoir bénéficié d'un soutien de la part de groupes armés sous l'égide de l'ex-Gspc. La photo du fils d'Ali Benhadj en compagnie de deux individus, présentés comme des Marocains, ne laisse l'ombre d'aucun doute sur l'implication des étrangers et des Afghans dans le terrorisme, en Algérie. Les émirs d'Al Qaîda au Maghreb islamique sont-ils en train de prendre les devants afin d'éviter les probables retombées néfastes sur le moral de leurs troupes d'une éventuelle reddition de Mokhtar Ben Mokhtar? L'avenir des maquis en Algérie se joue-t-il, en grande partie, dans le nord du Mali? Droukdel, l'actuel chef autoproclamé du Gspc, sait que même en se vendant corps et âme à Aymane Zawahiri, il ne pourra jamais faire l'unanimité au sein de ses troupes, déjà renié par une bonne partie des partisans de son ex-bras droit, Abou El Haïthem et après les attentats du 11 avril 2007. Il sait aussi que la défection de Ben Mokhtar portera un coup fatal à l'organisation qu'il dirige. C'est pourquoi, on semble s'orienter maintenant vers le «mercenariat afghan», en prenant, bien sûr, le soin d'utiliser la filière irakienne. Toutes ces informations recueillies, recoupées ne sont pas d'ordre à nous rassurer, quand on sait le rôle «spécial» joué par Al Qaîda dans la tragédie qui se joue, actuellement, au nord du Liban. En un mot, et avec tout ce qui se passe en Irak, à Ghaza, en plus des conflits politico-médiatiques qui secouent l'Egypte, on ne peut que s'interroger si le nouvel ordre devant régir le Maghreb et le Machreq arabes n'est pas en marche. On n'a pas pardonné à l'armée libanaise d'avoir refusé de tirer sur des manifestants à Beyrouth et on l'a sanctionnée aujourd'hui, en la traînant dans le bourbier de Fath El Islam, un des multiples bras armés d'Al Qaîda. On n'a pas pardonné aux Palestiniens d'avoir élu Hamas et on les entraîne dans une fetwa dont les ingrédients ressemblent, à peu près, à ce qui s'est passé chez nous, mais sous d'autres formes. On n'a pas pardonné à l'Algérie d'avoir résisté et retrouvé une paix chèrement payée. On veut l'empêcher, aujourd'hui, par tous les moyens de prendre son envol. Après que les masques soient tombés, il n'y a plus, ni AIS, ni GIA, ni Gspc, ou un quelconque signe, il ne reste plus qu'Al Qaîda et ses vieux réseaux d'Afghans arabes. Des réseaux qui ont fait parler d'eux en Algérie dès 1992. Le meurtrier attentat de la rue Bouzrina à Alger, qui a fait plus de 8 policiers tués portait déjà «la griffe» des Afghans. Le GIA n'était pas encore né. Nul n'ignore leur implication dans la tragédie qui a endeuillé notre pays. Même étroitement liés à Takfir wal hidjra, les rapports entre les deux factions ont toujours été ambigus. Mais le soutien des Afghans arabes aux groupes armés algériens, qui n'était qu'une structure idéologique, va vite trouver son chemin par la mise en oeuvre d'une stratégie qui sera appliquée avec la plus grande barbarie.