Feu Hassan ii n'y avait sûrement pas pensé. Le terrorisme fait parler de lui au Maroc. Une petite révolution est menée dans les rangs des institutions militaires névralgiques sur lesquels repose le Palais royal. Des changements radicaux auraient été opérés dans un secret total au sein de la DST, indique le journal marocain Al Ittihad Al Ichtiraki. La direction de la Sécurité militaire a été dissoute et un retour en force de la Gendarmerie royale dans le contrôle de l'armée est constaté. Toujours selon le journal marocain, la cellule terroriste baptisée «Ansar El Mahdi», comptait «renverser le régime marocain actuel et instaurer un Etat islamique (Califat)». Ces limogeages et changements surviennent à la suite de rapports des services de renseignements selon lesquels des fondamentalistes auraient infiltré les rangs de l'armée et confirmant les appréhensions de certains observateurs qui ont toujours suspecté l'interférence de certains cercles des services de renseignements militaires avec les milieux terroristes islamistes aussi marocains qu'algériens. Cette influence porterait même au-delà de la Méditerranée. Les organes de presse espagnols avaient fait, rappelons-le, la liaison entre les auteurs des attentats de Madrid en 2003 et les milieux des services de renseignements marocains. A voir le rang des suspects arrêtés ou limogés cette fois, on est tenté de croire qu'il y a un remue-ménage au sein des institutions névralgiques du royaume mis en demeure de couper court à leurs fréquentations douteuses avec certains réseaux qu'ils tentent de manipuler. Les relations entre les réseaux terroristes marocains et les services de sécurité de Sa Majesté remontent à l'époque du règne du roi feu Hassan II qui avait déclaré vouloir faire de l'Algérie un véritable laboratoire pour le terrorisme. L'approvisionnement en armes des maquis des GIA et du Gspc par les frontières ouest de l'Algérie n'est pas un secret. Les cas de repli de certaines katibate sur le territoire marocain après des attaques perpétrées sur des civils et militaires algériens dans les régions de l'ouest du pays ont foisonné durant les années 93-96 ; Abdelhak Layada, l'un des fondateurs du GIA, a même séjourné dans les prisons marocaines avant d'être extradé vers l'Algérie. Des sources crédibles, chargées de l'information et du renseignement, avaient confié à L'Expression que les agents de la DCE ont découvert, au cours de leurs investigations, que les islamistes marocains jouissent du soutien de hauts dignitaires du Palais royal et d'un nombre important d'officiers des Forces armées royales, pour la plupart, originaires du Rif. Tous s'employaient, d'après ces sources, à la création d'un Etat islamique sans porter atteinte au règne du roi Mohammed VI. Soit une petite révolution à l'intérieur du Palais royal. Ce qui laisse penser qu'il y aurait connivence entre les proches collaborateurs du jeune roi et la frange islamiste marocaine qui a des appuis aussi bien parmi les larges couches de la population marocaine que dans les rangs des dignitaires du régime. Cette opération d'envergure aurait été amorcée suite aux aveux d'un terroriste capturé dans les monts d'Asfour, en Algérie, il y a de cela plusieurs mois. Les relations entretenues entre les activistes marocains et les cellules du Gspc ont conforté les enquêteurs marocains sur l'existence de réseaux importants sur leur territoire prêts à faire mouvement en temps jugé opportun. Le dossier des relations entre les groupes terroristes algéro-marocains est lourd. Un accord entre terroristes algériens du Gspc et l'organisation d'El Hidjra oua takfir marocaine portant sur l'entraide mutuelle a été déjà conclu. Même si nos sources d'information font état de plusieurs rencontres avortées par les services de sécurités algériens entre les deux organisations. Des informations ont fait aussi état d'une convention établie en Belgique lors d'un congrès d'éléments du FIS dissous, auquel une dizaine d'émirs d'El Hidjra oua takfir et d'Essalafia al djihadia auraient participé en tant qu'envoyés d'Al Aâdl oual Ihsane du cheikh Yacine et du PJD d'Abdel Ilah Ben Kirane. Tout ce branle-bas aurait un même objectif: tenter le remake du scénario algérien au Maroc et essayer de réussir là où le GIA et le Gspc ont échoué. Le Maroc, un autre laboratoire? Feu Hassan II n'y avait sûrement pas pensé.