Pour beaucoup de représentants du peuple, l'élection est devenue synonyme d'enrichissement. Un salaire de base de 97.000DA, une prime de logement de 54.000 et une prime de restauration de 20.000DA par mois sans compter les divers privilèges, de quoi donner le tournis au contribuable. L'entretien des députés revient cher au Trésor public. Des députés de différents groupes parlementaires, notamment de l'Alliance présidentielle, ont signé une pétition demandant le paiement de la prime de logement, évaluée à 66.000 dinars, selon certaines indiscrétions. Cette prime est accordée aux députés qui viennent des wilayas de l'intérieur du pays. Ceux qui résident Alger se trouvent lésés et qualifient la formule de «discriminatoire». Ils exigent de la présidence de l'APN de faire profiter tout le monde de ces «largesses». Sauf que parmi les signataires, on retrouve beaucoup de députés qui habitent Alger depuis très longtemps, avec, en sus, des maisons de campagne. Ce sont, pour la plupart, les têtes de liste qui ont eu, antérieurement, des mandats ou des postes de responsabilité et qui veulent bénéficier des primes de logement. Aux dernières nouvelles, on apprend que cette prime a été versée à tous les députés, sans exception, le week-end dernier et qu'elle serait de l'ordre de 54.000 dinars. L'APN a fait ce choix parce que les factures des hôtels revenaient beaucoup plus chères que la formule envisagée. Rappelons que lors de la dernière législature, l'APN avait décidé d'octroyer une prime de restauration pour tous les députés de près de 20.000 dinars, même si, parfois, on rencontre des députés se restaurer dans les gargotes de la rue Tanger. D'autres primes, autant mirifiques sont accordées aux élus du peuple. Les présidents de commissions et vice-présidents ont des privilèges mirobolants qui font rêver plus d'un et qui expliquent la guéguerre qui a eu lieu récemment entre les pontes du FLN. Les députés bénéficient, également de crédits- logement et des crédits-véhicule sans intérêts ainsi que des billets d'avion pour ceux qui viennent des circonscriptions de l'intérieur. Le crédit-véhicule est octroyé par le ministère des Transports et est remboursable dans un délai de 10 ans. Le salaire de base d'un député est de 97.000 dinars. Lorsqu'on y ajoute toutes sortes de primes, il dépasse le cap des 20 millions de centimes pour un député moyen qui n'a pas de responsabilité à l'Assemblée. Quand au salaire d'un président de commission, il est de l'ordre de 106.700 dinars. Soit 10% de plus que le salaire de base d'un simple député. Pour rappel, il existe 12 commissions au niveau de l'APN. De son côté, le vice-président de l'APN a un bonus de 20% sur le salaire de base. Soit une mensualité de 116.400 dinars. Tandis que le président d'un groupe parlementaire a droit à 15%, soit 111.550 dinars par mois. A cette mensualité, il faudra ajouter la prime de restauration. Et comme si cela ne suffisait pas, l'«élu du peuple» percevra une indemnité équivalente à son salaire pendant cinq ans à la fin de sa mandature. Et ce n'est pas fini, ces «élus du peuple» bénéficient de moult avantages allant de prêts sans intérêts pour l'acquisition de véhicules à la construction de villas en plus des voitures de service et des micro-portables et téléphones mobiles. Ainsi, il apparaît qu'un «élu du peuple» est rémunéré 171.000 DA par mois. Le statut de député avait, rappelle-t-on, suscité un débat médiatique des plus acharnés, lors de l'avant-dernière législature. Le Conseil de la nation, dirigé alors par Bachir Boumaza, avait saisi le Conseil constitutionnel qui avait rejeté la loi, objet de polémique. Mais, depuis, on n'en a plus parlé. La présidence de l'APN a décidé de régler le contentieux loin des feux de la rampe, en octroyant des primes et des prêts sans attirer l'attention des médias. Le taux d'abstention -historique- des législatives de mai dernier est justifié en partie par les salaires mirobolants que perçoivent les membres du Parlement (sénateurs et députés). Les citoyens, écrasés par la misère, la précarité et la cherté de la vie, voient d'un mauvais oeil les luttes auxquelles se livrent les candidats pour figurer en têtes de liste. Les «élus du peuple» quand ils ne se distinguent pas par leur absence à l'hémicycle, ne se sont, le plus souvent, intéressés qu'à leur confort et privilèges. Ils ne voient que l'aspect financier de la chose. Le débat autour des salaires des parlementaires mérite d'être posé. Certaines personnalités politiques, au fait des intrigues de coulisses, proposent aux autorités politiques de supprimer les salaires accordés aux représentants du peuple. Qu'ils leur laissent les avantages et les commodités pour leur faciliter le travail mais qu'ils gardent les salaires qu'ils percevaient avant leur élection, indique-t-on. Les avantages sociaux et les dérogations de tous genres sont les principales motivations de cette gent qui se rue sur les listes de candidature parce que la députation est devenue source de richesses. Le meilleur amendement à apporter aux lois, en cette période de canicule, est celui qu'on pourrait administrer au statut de député. Les électeurs ne feront qu'applaudir l'initiative quand ils sauront que les représentants qu'ils ont choisis militeront pour leurs intérêts. A ce moment là, les députés au lieu de signer des pétitions pour gonfler leurs salaires, doivent faire de même pour régler les problèmes de ceux qui les ont mandatés. Mais ce n'est que chimère quand on sait que des hommes et des femmes sont prêts à tout pour bénéficier de ces avantages.