Les partenaires du projet estiment que la position défendue par Sonatrach est logique. Le gazoduc algéro-espagnol risque de ne pas traverser la Méditerranée. Le projet est toujours en zone de turbulences. La société Medgaz a présenté, hier, un recours auprès du ministère espagnol de l'Industrie contre la commission nationale espagnole de l'énergie (CNE). Elle dénonce les conditions imposées par cette commission contre Sonatrach. C'est ce qu'a annoncé le conseiller délégué de la compagnie pétrolière espagnole Cepsa, Dominique de Riberolles. La décision de recours a été prise lors d'une réunion, jeudi matin des partenaires dans le projet Medgaz. L'Espagne avait, en effet, posé quelques conditions considérées par l'Algérie comme «une interférence dans la gestion normale d'un actionnariat». Parmi ces conditions, Sonatrach ne pourra transporter moins de 80% du gaz au moment où elle fait face à une restriction puisqu'elle ne peut commercialiser qu'un milliard de m3 sur les 3 qui lui reviennent dans son association. Notre pays a clairement fait savoir que cette nouvelle donne affecte le projet Medgaz. Il a, d'ailleurs, saisi la Commission de régulation espagnole du dossier. D'autres alternatives ne sont pas exclues, y compris celle d'écouler son gaz après liquéfaction dans d'autres marchés demandeurs, à l'image de la Turquie ou de la Corée du Sud qui est très intéressée pour acheter du gaz naturel liquéfié. M.de Riberolles de la compagnie Cepsa qui détient 20% du capital Medgaz, a souligné que les conditions imposées par la CNE à Sonatrach «empêchent le fonctionnement normal» de la société Megdaz. Il a observé que certaines de ces conditions n'affectent pas uniquement Sonatrach mais influent sur tout le projet Medgaz. De son côté, le président de Cepsa, M.Carlos Perez de Bricio, a qualifié «d'excessives» les conditions de la CNE. Il a affirmé que la position défendue par Sonatrach est «logique». Il s'est dit néanmoins confiant que les «malentendus» seront résolus rapidement. «Je crois que la décision de la CNE sera révisée», a-t-il dit. La CNE avait autorisé, en mai dernier, Sonatrach à élever sa participation dans Medgaz, assujettissant cependant cette autorisation à plusieurs conditions. Outre Sonatrach et Cepsa, participent dans le projet Medgaz, les compagnies Iberdrola (20% du capital) et Endesa et Gaz de France (12% chacune). Pour sa part, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a rencontré, jeudi à Vienne, le commissaire européen à l'Energie, M.Andris Pielbags. Les discussions entre les deux hommes ont porté sur les derniers développements du marché gazier européen. Ils ont abordé, également, l'ouverture du marché gazier européen aux entreprises des pays exportateurs pour l'investissement dans l'aval gazier et l'accès direct aux consommateurs. Le projet du gazoduc transsaharien (Tsgp) devant alimenter l'Europe en gaz nigérian via l'Algérie, a été également évoqué par M.Khelil, exhortant l'UE à le soutenir. L'Algérie assure, actuellement, à l'Europe, environ 12% de ses besoins en gaz naturel, notamment à travers les deux gazoducs en fonction avec l'Italie et l'Espagne, et par des fournitures de plus en plus importantes de GNL.