L'opposition tentera de peser de tout son poids pour marquer sa présence, même si elle est minoritaire. Après des semaines de doute et une grande polémique, Abdelaziz Belkhadem présentera, aujourd'hui, le programme du gouvernement à l'APN. L'événement suscite l'intérêt de la classe politique. Celui des nouveaux députés, en premier lieu. Que dira Belkhadem aux élus, et à travers eux, au peuple qui a sanctionné les politiques, le 17 mai? A priori, rien de nouveau. Le programme de l'Exécutif s'inscrit dans la «continuité», avec ce slogan porté comme engagement. Le débat est verrouillé de facto. Le chef du gouvernement n'ira pas à la chambre basse pour convaincre, ni chercher de l'appui. Mais juste pour soumettre un projet. Celui du président de la République, soutenu par la majorité des Algériens, si l'on se réfère aux résultats de la présidentielle de 2004. Quant à la sixième législature, sa cote de légitimité est très fragile. L'équation est complexe. L'Exécutif s'en réjouit, évidemment. Si en mai 2006, Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, courrait le risque d'être démis de ses fonctions par une motion de censure, Belkhadem, lui, est très à l'aise. L'Assemblée lui est acquise dans sa quasi-majorité. Des instructions ont été données aux députés de l'Alliance de ne pas trop appuyer sur la plaie. Par contre, nous apprenons qu'aucune concertation préalable n'a été enregistrée sur le terrain entre le FLN, le RND et le MSP. L'opposition représentée par le PT, le FNA et surtout le RCD tentera de peser de tout son poids pour marquer sa présence, même si elle est minoritaire. La présentation du programme du gouvernement se fera sur fond de précampagne électorale pour les locales de novembre. Le chef du groupe parlementaire du MSP, M.Issâd ne cache pas cette réalité. «ça sera l'occasion pour chaque parti politique de soulever à l'Exécutif les préoccupations des citoyens. L'enjeu est de taille. Il ne faut pas perdre de l'esprit qu'en aborde la dernière ligne droite avant les locales.» Mais les députés devront se contenter, cette fois-ci, de trois transmissions télévisées seulement. La direction de l'Entv a refusé de diffuser tous les débats, pour des raisons que l'on ignore. Quant au contenu du programme gouvernemental, la copie de Belkhadem, composée de 90 pages, développe les mêmes priorités que celles arborées par l'Etat depuis 1999. Il s'agit, entre autres, de la réforme des structures de l'Etat et de la réconciliation nationale. La justice, l'école, l'université, l'agriculture, les infrastructures, sont autant de chantiers sur lesquels le staff reconduit doit axer ses efforts. En vertu de la Constitution, le gouvernement peut modifier son programme, selon les débats. Une thèse écartée. La machine lancée en 1999 est chapeautée par un seul pilote, le chef de l'Etat. Par ailleurs, nous apprenons que le bureau de l'APN se réunira samedi prochain, 30 juin, afin d ‘arrêter son agenda. Il pourra décider de la prolongation de la session du printemps si le gouvernement décide de soumettre la loi électorale au Parlement. Dans le cas contraire, cette session sera clôturée, comme prévu, la première quinzaine du mois de juillet. La question demeure en suspens. Les députés ignorent le sort réservé à cette loi, même s'ils sont tous unanimes sur l'opportunité de la soumettre au débat, «parce qu'elle concerne les partis politiques en premier lieu.»