Premier contact, premier report au 10 juillet pour permettre à tous les acteurs d'être présents en vue d'éclairer la justice Le procès du séisme de Boumerdès va-t-il enfin être clarifié. Prévu pour hier, le jugement des acteurs du procès dit du «séisme de Boumerdès» n'aura lieu, en fin de compte, que le 10 juillet prochain. Ce report intervient à la demande de la défense. La raison invoquée à cet effet, est l'absence de quelques personnes considérées comme élément-clés dans cette affaire. Il s'agit, en effet, de hauts responsables de l'Etat. A en croire les déclarations du président d'audience, M.Bouabdellah, tous les experts concernés, hauts responsables de l'Etat et toutes les parties impliquées passeront à la barre dans quinze jours. Dans le même contexte, il met l'accent sur la nécessité de la présence des responsables des deux commissions ministérielles mises en place respectivement le 26 mai et le 28 juin 2003. Parmi les personnes dont la présence est jugée nécessaire à l'éclairage des faits, on cite, entre autres, l'ancien président-directeur général du Centre national de construction de Birkhadem et, non moins actuel ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa. Celui-ci fait partie, faut-il le rappeler, de la première commission chargée du dossier du séisme. De même, la défense a exigé la présence de l'ex-ministre de l'Habitat, Nadir Hamimid. Celui-ci, en sa qualité de premier responsable du département en cause, et du fait qu'il a été celui qui a donné les ordres pour l'ouverture d'une enquête sur «instruction» du chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika. La défense a jugé que la présence de ces deux hauts responsables de l'Etat est sine qua non pour que ce procès se déroule dans la transparence totale. Leurs témoignages s'avèrent, dès lors, précieux, voire primordiaux, dans le sens d'éclairer le tribunal sur les tenants et les aboutissants de cet épineux dossier, précise la défense. Une autre raison invoquée, justifiant ce report, est l'absence de certains témoins dont la comparution est susceptible d'éclairer et d'apporter plus d'éléments qui peuvent mener cette affaire à bon port. A noter, sur le même sujet, que la séance d'ouverture d'hier a été marquée par l'absence de plusieurs personnes faisant aussi bien partie des témoins que des experts. A préciser encore que l'un des accusés contre lequel un mandat d'arrêt a été lancé, est toujours en fuite. L'autre point qui, selon la défense, a son importance, est la nécessité de convoquer le juge d'instruction à la barre. Celui-ci a établi deux rapports, l'un est technique tandis que l'autre a été consacré au volet juridique. Ce travail, considéré colossal, lui a valu les félicitations de la défense. Ces deux rapports, volumineux, contenant 68 pages pour l'un et 92 pages pour l'autre, peuvent aider le tribunal à mieux situer les vrais coupables. Lorsque le président leva la séance et se retira pour les délibérations, le collectif des avocats s'est rapproché de la presse nationale, et laissa libre cours aux détails de l'affaire du «séisme de Boumerdès». Maître Benbraham jette, d'emblée, la balle dans le camp de l'Etat. «Comment?», s'est-elle exclamée. Et de poursuivre: «Qui a délivré les permis de construire aux promoteurs et aux particuliers, lorsqu'on sait très bien que la wilaya de Boumerdés est classée zone II, autrement dit, une zone à très forte sismicité?» Pour étayer ses dires, Mme Benbraham s'est appuyée sur une étude réalisée par des experts américains en sismologie. Revenant à la charge, l'avocate s'est interrogée encore: «La responsabilité incombe-t-elle au ministère de l'Habitat en sa qualité de premier responsable du secteur?» Mieux encore, Mme Benbraham se fie à la providence. «On ne peut rien devant la volonté et la puissance de Dieu», en se référant à quelques versets coraniques. Toutefois, même si l'avocate se fie à la force divine, il n'en demeure pas moins qu'elle croit dur comme fer que le procès est tout de même purement technique. A cet effet, elle a demandé au président d'audience d'utiliser les moyens technologiques pour une simulation sismique. Elle propose, dans ce sens, de faire appel à un éminent expert international en sismologie, en la personne de M.Bouchelghoum. Mme Benbraham cherche à démontrer scientifiquement par A+B, que le séisme de Boumerdès a ses explications techniques. Cet avis a été partagé par un bon nombre de ses collègues. La défense est unanime à dire que le séisme est une affaire de l'Etat. D'après quelques avocats, «on doit traiter le fond du procès et situer les vrais responsables». Après l'annonce du renvoi, les sinistrés ont profité de la présence massive de la presse pour décocher des flèches à l'encontre de tous les responsables de l'Etat. Ces victimes citent à bon escient, entre autres, les services de télécommunications de Boumerdès qui continuent à leur facturer les frais du téléphone en sachant que leurs lignes ont été coupées à la suite de l'effondrement de leurs habitations. Enfin, une chose est néanmoins, certaine, c'est que ce procès, tant attendu de part et d'autre, ne passera pas inaperçu. C'est du mois ce qui ressort à l'ouverture de cet épineux dossier, hier à la salle de conférences de l'université M'Hamed Bouguerra, transformée, en la circonstance, en salle d'audience. Dans quinze jours, on rebondira sur cette affaire, avec sans doute, la présence de hauts responsables convoqués à cet effet.