Le procès de l'affaire du séisme de Boumerdès reprendra aujourd'hui à la salle de conférences de l'université M'hamed Bouguerra de l'ex-Rocher noir, après un report de 15 jours accordé par le juge à la défense des prévenus qui, le 26 juin dernier, avaient motivé leur demande par l'absence de certains témoins dont la présence était jugée nécessaire à l'éclatement de la vérité et le fait qu'ils n'aient « pas eu suffisamment de temps pour se préparer ». Boumerdès : De notre bureau Les avocats des accusés avaient aussi demandé au juge de leur faciliter l'accès à « tout le dossier ». Parmi les témoins, dont ils ont exigé la présence, on a cité l'ancien ministre de l'Habitat, Nedir Hamimid, qui avait, pour rappel, déposé plainte au nom de l'Etat algérien, et l'actuel ministre du même département, Nordine Moussa, qui, en été 2003, faisait partie d'une commission d'enquête désignée par le ministère de l'Habitat pour étudier les raisons de l'effondrement de nombreuses bâtisses suite au séisme du 21 mai. Mieux, les avocats, dont Bourayou, Brahimi, Benbraham, ont réclamé la présence du premier magistrat instructeur près le tribunal de Boumerdès qui avait prononcé un non-lieu à trois reprises. Les deux premiers à l'encontre de tous les mis en cause et le troisième était partiel, avons-nous appris de sources judiciaires. Pour rappel, 38 accusés sont poursuivis dans cette affaire et devront répondre des chefs d'inculpation d'« homicide involontaire, blessures involontaires, fraude dans la qualité et la quantité des matériaux de construction et non-application des décisions administratives et réglementaires obligatoires dans la construction ». Parmi les 38 accusés se trouvent des entrepreneurs et des responsables d'entreprise, dont 18 sont placés sous contrôle judiciaire et un, H. Abdelkader, était, pendant l'enquête et à l'ouverture du procès, il y a 15 jours, en état de fuite. Les témoins réclamés par les avocats et le premier juge d'instruction seront-ils présents demain à la salle de l'INH, aménagée en tribunal, vu le nombre important d'accusées, de victimes et de témoins, qui avoisine les 400 ? La question est restée posée depuis la première assise, car « le procès est avant tout politique », comme l'a déclaré Me Bourayou le 26 juin dernier. Dans les milieux judiciaires, on susurre que ce procès représente un antécédent pour tous les cas de catastrophes naturelles qui ont eu lieu en Algérie depuis l'indépendance. « Maintenant, tous les citoyens touchés par ces catastrophes pourront saisir la justice et réclamer des réparations. Voila ce qui va peser sur le cours de cette affaire. Contrairement au cas du séisme de mai 2003, les citoyens, ailleurs, n'ont pas bénéficié d'aides aussi conséquentes. Supposons que la catastrophe ait touché tout le pays, jugera-t-on alors tous les Algériens ? », nous a déclaré un juriste. « Mieux, dans les affaires traitées en correctionnelle, comme c'est le cas ici, on aboutit généralement à des dédommagements. Mais il se trouve que certains, parmi les promoteurs incriminés, ont relogé les familles touchées au lendemain du séisme, sans avoir attendu la décision de la justice », dira notre interlocuteur. A rappeler que le premier jour de ce procès, le juge Redouane Benabdallah avait rassuré la défense quant à l'accès au dossier qu'il avait dit déjà ouvert, mais aussi à la « convocation de toute personne dont la présence est jugée utile au procès ».