Chantre de la discrimination positive et porteur d'un nouveau projet pour la Méditerranée, le président français est connu pour son volontarisme. «En tournant le dos à la Méditerranée, la France a cru tourner le dos à son passé. En fait, elle a tourné le dos à son avenir». La formule est du président français Nicolas Sarkozy. Dans la politique extérieure du nouveau président français, on distingue deux axes de travail prioritaires: l'Europe qu'il fallait remettre sur les rails après le non français au référendum sur la Constitution, et tout de suite après vient la Méditerranée, un espace que partagent en commun des pays européens et des pays du nord de l'Afrique. Dans les deux cas, il y avait urgence: l'Europe était en panne, et le projet méditerranéen aussi était arrêté au beau milieu du chemin. Le processus de Barcelone qui visait à créer une vaste zone de libre-échange à l'horizon 2012, n'est plus qu'un pâle souvenir de lui-même. Des accords d'association ont bien été signés entre les pays de la rive sud de la Méditerranée et l'Union européenne des 27, mais à part ces échanges commerciaux dans lesquels ces pays ont l'impression d'être devenus un simple marché pour les produits européens, il n'y a aucune vision politique, et il y a encore moins de prospérité partagée. C'est une sorte de marché de dupes. Le nouveau président français a donc décidé de prendre le taureau par les cornes. Si l'intention est bonne, on ne connaît pas en revanche les contours de son projet pour la Méditerranée. A quoi ressemblera cette nouvelle Union en gestation? Une sorte de mini traité pour corriger les ratés du processus de Barcelone ou bien un projet viable dans lequel les deux parties joueront gagnant-gagnant? Tout ce que l'on sait du président Sarkozy, c'est sa théorie de la ségrégation positive, déjà testée en France même, et qui lui permet d'accorder des chances d'avancement et des postes prestigieux aux Français issus de l'immigration, en tant que préfets, et maintenant en tant que ministres. On ne dira jamais assez que le portefeuille de garde des Sceaux, détenu par Rachida Dati, est la plus haute fonction jamais accordée aux Franco-maghrébins. Et s'il y a autre chose que l'on connaît du président français, c'est son volontarisme. Il aborde de front tous les problèmes et leur applique une thérapie de choc: l'autonomie des universités, le service public, la nouvelle carte judiciaire, etc...On attend donc de voir ses propositions pour l'Union méditerranéenne, un projet qui n'est pas encore sorti de ses nimbes. Quant à la polémique qui a défrayé la chronique ici, depuis que le Parlement français avait adopté la loi du 13 février 2005, dont l'article 4 faisait l'éloge du rôle positif de la colonisation, on sait tous à quoi s'en tenir. Sarkozy est contre l'idée de repentance. Si la France officielle n'est pas encore prête à un tel retour sur son passé colonial, tant pis! Alors qu'elle s'est repentie à la place des Turcs en Arménie! re-tant pis! On ne va pas en faire des tonnes. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il existe entre les deux chefs d'Etat algérien et français une approche commune des problèmes qui se posent autant à la région qu'au niveau des relations bilatérales. De toute façon, on peut remarquer que lors de la dernière visite, à Alger, de Nicolas Sarkozy, les promesses qu'il avait faites en tant que ministre de l'Intérieur pour augmenter le nombre de visas et assouplir la procédure ont été tenues. Ne serait-ce donc qu'au niveau de la circulation des personnes, les choses sont en train d'évoluer dans le bon sens. L'ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, qui s'exprimait au nom de Nicolas sarkozy, a lui-même tenu à lever les équivoques sur ce dossier. Toujours au chapitre Maghreb, il y a le problème épineux du Sahara occidental, désormais bien pris en main au niveau de l'ONU, où les deux délégations marocaine et sahraouie s'étaient retrouvées pour des contacts directs sous l'égide du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Et puis, bien sûr, il y'a le volet des relations bilatérales algéro-françaises: notamment l'investissement direct, un aspect dans lequel les Algériens reprochent leur frilosité aux opérateurs français. La visite à Paris d'une délégation du Forum des chefs d'entreprise pour des entretiens avec leurs homologues du Medef, aura servi à défricher le terrain à la venue, à Alger, de Nicolas Sarkozy, alors même que le dossier du gaz et celui du nucléaire civil sont les deux autres volets qui intéressent le chef de l'Etat français. Après avoir été un voeu pieux, il est possible que soit venue l'heure du partenariat d'exception entre les deux pays, pour reprendre une expression du président Bouteflika, dans un message envoyé, début juin, à son homologue français.