La diplomatie française a été confiée au socialiste Bernard Kouchner suscitant scepticisme et interrogations. La nomination du socialiste Bernard Kouchner à la tête de la diplomatie française titille observateurs et analystes de la scène politique française, et suscite nombre d'interrogations notamment eu égard aux positions tranchées que professe le président Sarkozy, connotées à sa philosophie de la «discrimination positive». Dès lors, il est patent de se demander qu'en sera-t-il des relations (futures) de la France avec son environnement régional (arabe et méditerranéen) singulièrement. Lors de son discours d'investiture mercredi au Palais de l'Elysée, M.Sarkozy, a réitéré ce que, dès le soir de son élection, il a appelé de ses voeux: la construction de l'union de la Méditerranée, indiquant: «Je me battrai pour l'union de la Méditerranée. En tournant le dos à la Méditerranée, la France a cru tourner le dos à son passé, en fait, elle a tourné le dos à son avenir. Je me battrai pour le développement de l'Afrique parce que le destin de l'Europe et celui de l'Afrique sont incontestablement liés.» Certes! On peut estimer que ces paroles expriment le bon sens et sont dénuées de toutes surenchères politiciennes ou d'arrière-pensées de mauvais aloi, d'autant plus que l'intérêt supérieur de la France exige et commande que le président de la France (le chef de l'Etat français est doté de pouvoirs étendus) prenne en compte tous les paramètres qui permettront à Paris de valoriser sa condition de grande puissance, en redonnant la place qui lui sied au pourtour méditerranéen -qui est avant tout, un pourtour arabe- en étant plus active dans la construction de ce grand Lac de paix, que devrait être la mer Méditerranée. Aussi, tout en prenant note de l'intérêt que proclame M.Sarkozy pour l'hémisphère Sud, il est également séant d'attendre pour voir plus clair si les actions, sur le terrain, du nouveau président français s'accordent avec ce qui semble être, jusqu'à plus ample informé, une profession de foi. Toutefois, un doute nous prend à l'annonce de la nomination de M.Kouchner aux Affaires étrangères pour la mise en oeuvre de la politique qu'il veut initier en direction de la Méditerranée et de l'Afrique singulièrement. Or, on ne peut s'empêcher de se demander si M.Kouchner est bien la personnalité appropriée capable, outre de donner aux perspectives méditerranéennes de M.Sarkozy leurs dimensions avérées, alors que l'ancien président de l'ONG «Médecins sans frontières» est marqué par les positions triviales qu'il assure envers le monde arabe d'une manière générale, l'Algérie en particulier. Alors que l'élection du nouveau président français -pro-américain et très cool envers Israël- dont la politique exclusive envers les immigrés -outre de faire craindre des dérapages- est peu rassurante, la nomination de M.Kouchner aux Affaires étrangères aura une connotation provocatrice envers les Arabes. En tout état de cause, elle est mal venue pour un homme qui veut changer la France et donner d'elle une image plus clean, plus en phase avec les réalités qui sont celles de la globalisation et de la mondialisation qui meuvent les relations internationales. Mettre l'homme de «l'ingérence humanitaire» à la tête de la diplomatie française c'est faire fi de rapports nouveaux et apaisés avec le sud de la Méditerranée que M.Sarkozy s'est dit prêt à initier. Nous ne croyons pas, pour notre part, que Bernard Kouchner soit effectivement l'homme qu'il faut pour impulser «l'union de la Méditerranée» que le nouvel hôte de l'Elysée appelle de ses voeux réitérant, lors de son investiture, sa vision d'une Méditerranée unie et ouverte vers le progrès. D'autre part, M.Kouchner, l'un des fondateurs de l'ONG ‘'Médecins sans frontières'', a le défaut d'avoir une vision sélective de la défense des valeurs humaines et humanitaires, quand celui-ci pratique un humanisme à géométrie variable, ignorant totalement les exactions commises par Israël contre le peuple palestinien, se faisant, en revanche, le chantre du «droit» d'Israël de se «défendre», feignant d'ignorer que l'Etat hébreu occupe les territoires palestiniens faisant ainsi obstacle à une solution équitable au contentieux israélo-palestinien. Et puis, un humanisme «médiatisé» (M.Kouchner, photographié dans les années 90, coltinant un sac de riz sur le dos pour les pauvres d'Afrique) ne qualifie guère son auteur à des actions de probité. M.Kouchner fait surtout montre d'un exclusivisme de mauvais aloi qui ne le destine pas aux missions qui semblent lui être promises. Bernard Kouchner ajoute à ces mauvais points, le fait d'avoir été l'un des rares hommes politiques français à avoir approuvé l'invasion de l'Irak par l'armée américaine au moment où la France officielle de Jacques Chirac combattait l'unilatéralisme américain au Conseil de sécurité. Or, la confirmation de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay est déjà une indication, plus que probante de ce que sera l'orientation future de la politique étrangères française, plus que ne le laissait entrevoir le discours alambiqué du nouveau président français. M Sarkozy affirmait mercredi: «Je me battrai pour l'union de la Méditerranée.» Certes! Or, le choix de M.Kouchner, pour diriger la diplomatie française, est totalement en contradiction avec cette politique «ouverte et généreuse» que M.Sarkozy veut mettre en place. D'autant plus que de ce côté de la Méditerranée, on se rappelle qu'au plus fort des massacres des hordes islamistes -qui tuaient sans distinction cadres, intellectuels, civils, militaires, journalistes et citoyens- M.Kouchner militait activement pour une «ingérence» étrangère en Algérie, et a été, accessoirement, l'un des promoteurs du fameux «Qui tue qui» qui a fait tant de mal au pays. Certes, le choix de la politique étrangère de la France appartient au président français, mais que l'on nous permette néanmoins d'être sceptique quant aux capacités de Bernard Kouchner d'être l'homme de la situation et le mieux placé pour donner corps à la politique que Nicolas Sarkozy compte initier pour la Méditerranée. Région qui est d'abord un ensemble arabe et musulman. D'autre part, quel crédit accorder au credo méditerranéen de M.Sarkozy alors que ce dernier réaffirme sa ferme opposition à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne arguant que la Turquie -pays musulman et méditerranéen- n'a pas sa place en Europe. Alors? Quid de l'union de la Méditerranée?