Il est probable, au regard du dispositif déployé jeudi, que la «technique sud-coréenne» est déjà en vigueur en Algérie. Le dispositif policier mis en place lors de la marche avortée du FFS à Alger a été expérimenté pour la première fois par les forces antiémeutes selon un procédé qui viendrait de Corée du Sud dont la police est connue pour être une des plus «efficaces» quant à la gestion des manifestations. L'ensemble des observateurs a noté la manière extrêmement musclée, les interventions rapides et les interpellations opérées par trois ou quatre éléments sur les manifestants du FFS. Au-delà du quadrillage strict qui s'est opéré autour du lieu de la manifestation, la police a fait preuve d'une extrême agressivité lorsqu'elle est passée aux interpellations. Ce changement d'attitude s'explique, selon les spécialistes, par l'introduction de nouvelles techniques de gestion des manifestations et «contrôle des foules» de la police algérienne qui est largement inspirée des méthodes de la police de Séoul. Les forces antiémeutes sud-coréennes comptent parmi les plus dures du monde et leur «expertise» a été, durant ces dernières années, exporté vers d'autres pays dont l'Algérie. Même si Djeddaï évoque des techniques latino américaines. Dirigée par Park-Il Young, chef de la police de Séoul et «bête noire» des étudiants sud-coréens, qui n'hésitait pas à déclarer que «la police utilisera les armes pour déloger les étudiants, si nécessaires, selon les termes de la loi. Nous écraserons des actes violents par n'importe quel moyen nécessaire», la police de Séoul est rompue aux techniques de répression en tout genre. Il ne se passe pas une semaine en Corée du Sud où une manifestation n'a pas lieu: étudiants procommunistes favorables à la réunification avec le voisin du Nord, syndicalistes puissamment organisés pour contrer l'option ultralibérale du gouvernement ou travailleurs réclamant leurs droits après la crise économique au Sud-Est asiatique qui a vu la fermeture de grosses compagnies telles que Daewoo, les Sud-Coréens manifestent et souvent très violemment. Adaptée à ce genre de situation, la police sud-coréenne a obtenu des «résultats» probants en termes de gestion des manifestations qui a fait sa notoriété, assez brutale par ailleurs. Séoul aurait ainsi été sollicitée par la police algérienne pour une expertise dans le domaine et il est probable, au regard du dispositif déployé jeudi, que la «technique sud-coréenne» est déjà en vigueur en Algérie. Mise en accusation d'incompétence après la marche des ârchs du 14 juin qui a provoqué des morts et des dégâts excessifs quant aux infrastructures, la police algérienne, notamment les forces antiémeutes, semblent avoir appris la leçon... coréenne. Il est fort probable que dorénavant ces techniques soient largement introduites dans la formation des CNS algériens en perspective d'autres manifestations. Mais il est évident que les limites de cette «gestion» soient criantes lorsqu'il s'agit des émeutes en Kabylie.