L'Espagne «doit revoir sa position» sur la part de Sonatrach dans le projet. Il n'existe «pas de terrain d'entente pour le moment avec l'Espagne pour maintenir à 36% la part de Sonatrach dans le projet Medgaz», a affirmé Mohamed Meziane président-directeur général de Sonatrach qui s'exprimait jeudi en marge de la table ronde de l'OME (Observatoire méditerranéen de l'énergie) qui s'est tenue à Alger. Des négociations sur le prix du gaz sont en cours mais des «conditions draconiennes, voire discriminatoires» nous sont imposées a ajouté Meziane qui a précisé qu'«une demande a été déposée la semaine dernière pour les 36% des parts et une convocation d'une assemblée générale des partenaires concernés a été formulée». Suite au retrait de Total et de BP du projet, Sonatrach est devenue majoritaire dans Medgaz avec 36% des parts, contre 20% pour chacune des compagnies Cepsa et Iberdrola et 12% pour Endesa et Gaz de France. La commission nationale espagnole de l'énergie (CNE) n'a pas opposé de refus à cette nouvelle situation, mais a tout de même imposé certaines conditions à la compagnie nationale jugées «contraignantes». Faisant allusion aux restrictions imposées dans la distribution par l'Espagne à Sonatrach, Meziane a déploré le «protectionnisme actionné face à l'entrée des producteurs en tant qu'acteurs à part entière sur un marché gazier européen réputé ouvert». Il a insisté sur la sécurisation du marché et que nos installations ne soient pas remises en cause comme dans les années 80/90. Le patron de Sonatrach, qui a insisté en faveur d'un «transfert de capitaux et de technologies en direction des pays producteurs», a indiqué que dans 3 ans, les exportations algériennes de gaz vers l'Europe (actuellement 12% des besoins de l'UE), devraient s'accroître de 23,5 milliards/m3/an. Elles seront générées par la mise en service de trois gazoducs en cours de réalisation, Medgaz (Espagne), Galsi (Italie) et le gazoduc transsaharien algéro-nigérian (Tsgp). Les deux nouveaux gazoducs vers l'Europe seront suivis par deux câbles électriques sous-marins. Le directeur général de l'OME, Mustapha K. Faïd, a relevé que la dépendance de l'UE en gaz devrait passer à 80% et même à 90% en 2030, contre 57% en 2005. Il a imputé les «inquiétudes» européennes, quant aux approvisionnements en gaz, sur le moyen et long terme, aux prévisions en baisse de la production européenne devant s'établir entre 127 et 173 milliards/m3 à l'horizon 2030 contre 239 mds/m3 en 2005. La consommation de l'UE devrait se situer aux alentours de 666 mds/m3 en 2030 contre 537 en 2005, en hausse de 24% sur la période, et induire ainsi une hausse de 50% du prix du gaz d'ici à cette échéance, selon l'OME. Cette rencontre avec les DG ou représentants de 33 compagnies et divers acteurs du secteur a permis d'examiner «les moyens de renforcer et de sécuriser le marché, comment assurer l'approvisionnement et abordé la question des énergies renouvelables.» L'Algérie estime que la sécurité des approvisionnements en gaz de l'UE est liée à la sécurité des débouchés pour les pays producteurs-exportateurs. Le secrétaire général du ministère de l'Energie et des Mines, Fayçal Abbas, a souligné, pour sa part, que «les pays exportateurs d'énergie ne peuvent mobiliser des investissements colossaux sans être sûrs de la stabilité de leurs débouchés». Aussi, devait-il souligner, «la sécurité des approvisionnements» réclamée par les pays européens et autres consommateurs, «ne peut être dissociée de la sécurité de débouchés». La table ronde tenue à huis clos en marge de l'assemblée générale de l'OME, a réuni les dirigeants des compagnies énergétiques du nord de la Méditerranée, notamment les présidents-directeurs généraux, respectivement d'ENI (Italie) Roberto Poli et de Gaz de France Jean-François Cirelli, principaux clients de l'Algérie, avec l'Espagne. 14 pays ont participé à cette assemblée dont 23 délégués venus de France, 15 d'Italie et 15 d'Espagne.