Ce livre-témoignage a le mérite de nous plonger dans des récits d'une émotion presque «insurmontable». «Dans ce livre, je raconte ce que j'ai vécu pendant la révolution armée de la guerre d'indépendance. J'ai fait un recueil d'une partie de ces actions, pour la nouvelle génération qui n'a pas eu la chance de connaître le combat de l'ALN. Le vrai combat était celui du peuple...» a confié Mohamed Chérif Ould El Hocine, lors d'une rencontre-débat, mercredi dernier, organisée par les éditions Casbah à la librairie du Tiers-Monde. Dans ce livre-témoignage, l'ancien officier de l'Armée de libération nationale nous plonge dans des récits authentiques portant sur des actions menées par deux unités d'élite (le Commando Si Zoubir et la Katiba El Hamdania) de l'ALN en Wilaya IV de 1956 à 1959. L'auteur décrit dans ce livre, comment des combattants sont arrivés à bout de cette 3e force dans le monde (la France) par devoir et patriotisme. Il cite des actions miraculeuses et, notamment, une série d'embuscades et d'accrochages qui ont coûté la vie à ses nombreux compagnons. Il évoque des noms très connus comme Ali la Pointe, Yacef Saâdi ou encore le commandant Bigeard, se souvient de l'assassinat de plusieurs étudiants algériens et parle de «sacrifice du peuple algérien». M.Chérif Ould El Hocine sort de sa poche un petit livret. Une copie de son carnet de bord sur lequel sont mentionnées toutes les actions commises et les batailles, appuyées de dates et de chiffres précis. Un vrai document d'archive, autrement très rare, qu'il conserve chez lui, en espérant que d'autres en fassent autant pour écrire l'histoire, la recouper pour la sauvegarde de la mémoire du pays. «Si Moussa avait commencé à interroger le prisonnier sans lui faire subir de torture. Quoi qu'on en ait dit sur ce chapitre et malgré toutes les difficultés, les combattants de l'ALN avaient le respect des droits de l'homme et des conventions internationales», pouvait-on lire à la page 111. Surpris par cette remarque, cette assertion est-elle en ligne de mire de ce qui a été dit par M.Mohamed Rebah, un des proches de Mustapha Saâdi? En effet, ce dernier, durant la rencontre de l'autre jour et s'agissant de l'écriture de l'histoire, n'a eu de cesse d'insister sur la nécessité de «mettre de côté les préjugés», et ce, eu égard aux «antécédents de l'ALN...» selon ses propres termes. Qu'entendait- il par «préjugés»? Il partira sans laisser d'explication, arguant que «les autres savent»...Contrairement aux années 1980, aujourd'hui que le «veto» est levé par les dirigeants sur ce passé, il est clair qu'il persiste des zones d'ombre qu'il faudra, tôt ou tard, divulguer. Car il y va de notre propre histoire, fût-elle entachée de sang ou de dépassements. Toute guerre est, par essence, sauvage car elle n'a pour seul dessein, que de chasser l'«ennemi» par tous les moyens...Aussi, M.Mohamed Chérif Ould El Hocine a raison de demander aux derniers survivants et compagnons de route de se manifester. Déjà, dit-il qu'«écrire c'est aussi difficile...» Au coeur du combat a ainsi le mérite de nous projeter des années en arrière grâce à des «récits non pas secs» mais pourvu d'une émotion certaine presque «insurmontable», dira M.Achour, des éditions Casbah. En attestent toutes ces personnes présentes ce mercredi-là, à la librairie. Femmes et hommes présents étaient en pleurs face à ces souvenirs palpables et toujours vivaces dans leurs mémoires, lesquels retracés par l'auteur sont, hélas, méconnus par beaucoup de jeunes d'aujourd'hui dont un monsieur dira, à juste titre, qu'ils confondent le 19 mai 1956, (date de la manifestation des étudiants contre l'occupant français) avec la victoire d'une des équipes algériennes de foot. Rien à dire après ça...