Un message apaisé qui laisse présager d'une nouvelle lune de miel entre l'Algérie et le Maroc. Le souverain marocain réaffirme sa détermination de contribution à la consolidation de l'édifice maghrébin dans l'esprit du traité historique de Marrakech. Le message adressé par Sa Majesté Mohammed VI au président de la République à l'occasion de la célébration par les Algériens du 45e anniversaire de leur indépendance, restera-t-il un voeu pieux? «Je saisis cette mémorable occasion pour réaffirmer, à Votre Excellence, ma ferme détermination à poursuivre avec vous l'action pour le renforcement des relations de coopération fructueuse et de solidarité agissante dans tous les domaines, au mieux des intérêts de nos deux peuples...», précise le message. Est-ce l'amorce de signes annonciateurs d'une nouvelle ère de coopération? Les deux pays ont, sans coup férir, tout intérêt à marquer une halte définitive, dans les relations tumultueuses qui ont jalonné leur histoire commune. L'histoire de la guerre d'Indépendance algérienne. Le rôle du Royaume chérifien sous le règne de Mohammed V et son précieux soutien au Mouvement de libération national. C'est une coopération tous azimuts qu'appelle de ses voeux Mohammed VI. Ce n'est pas le fruit du hasard. Les deux pays sont condamnés à coopérer, à vivre ensemble. Ils constituent deux pièces maîtresses dans cet ensemble maghrébin qui reste à construire. Le jeune souverain marocain le souhaite et semble prêt à «contribuer à la consolidation de l'édifice maghrébin, sur la base de la complémentarité, de l'intégration et du respect des spécificités et des constantes nationales de nos cinq pays et ce, dans l'esprit et l'énoncé historique de Marrakech et le hisser au rang qui lui sied en tant que regroupement important dans son environnement régional et international», poursuit le message. La construction du Maghreb représentera un édifice incontournable tant pour la région que sur le plan international. Véritable «Carrefour» entre l'Occident et l'Afrique, son rôle au niveau économique et politique est voué à un avenir certain. Mais ce n'est un secret pour personne, la question de la décolonisation du Sahara occidental mène les relations algéro-marocaines depuis 1975. Date de l'annexion de ce territoire par les forces militaires du Royaume chérifien. Des relations apaisées entre les deux pays doivent passer par un règlement définitif du conflit qui oppose depuis plus de trente ans, le Front Polisario au Royaume du Maroc. Malgré tous les efforts diplomatiques et les signes d'apaisement souvent annoncés avec fracas, le retour à la case départ a été pratiquement de rigueur à chaque fois. L'ambassadeur algérien au Maroc, M.Larbi Belkheïr, s'attelle, et semble être l'homme tout indiqué et désigné par le chef de l'Etat afin de «retonifier» des relations avec le pays frère, ami et voisin qu'est le Royaume chérifien. Alors, à quand le dégel? La réouverture des frontières a souvent été annoncée puis renvoyée aux calendes grecques. Comment deux pays aussi proches par leur histoire, leur culture et leurs langues (arabe, amazigh) peuvent prétendre à des relations fraternelles sans la libre circulation des personnes? Echanger, se rencontrer, se connaître tout simplement. Le souverain marocain et le chef de l'Etat algérien en sont très conscients. Qui osera faire le premier pas? Cela ne se fera pas sans concessions. Il y va de l'avenir commun de toute une région. Un ensemble qui représente des dizaines de millions d'hommes et de femmes qui n'aspirent qu'à des jours meilleurs.