Longtemps dissimulées, les divergences ont fini par se faire jour. L'Alliance présidentielle a fait preuve de désaccord. La session d'adoption de l'amendement de la loi électorale l'a encore confirmé. Le courant ne passe pas entre les trois partenaires à savoir le MSP, le FLN et le RND. Samedi dernier, l'assemblée nationale a eu droit à un scénario sans précédent. Confusion, pagaille, désarroi, c'est l'ambiance qui caractérisait les travaux de la plénière. Les partis de l'Alliance sont rentrés à l'hémicycle sans se mettre d'accord. Alors qu'ils se sont entendus dès le départ à soutenir les projets du gouvernement, cette fois-ci le pire a été évité de justesse. L'adoption de la loi a failli être compromise. Personne ne s'attendait à cette scène. En effet, la loi électorale a fait crever l'abcès. Longtemps dissimulées, les divergences ont fini par se dévoiler. En présence des 338 députés, des membres du gouvernement et des médias, le RND et le FLN se sont livrés à une offensive qui ne dit pas son nom. Le RND n'a pas pu résister pour cracher le morceau. Les amendements apportés au projet de loi ne l'arrangent pas. C'est pourquoi, il a voté contre les amendements de la commission et pour la loi dans sa globalité. Pour lui, le FLN a dépassé ses limites. Ce dernier n'a même pas jugé utile d'aviser ses partenaires sur ses propositions d'amendements de l'article 82. Voulant satisfaire les petits partis, la commission juridique a réduit le taux de parrainage des listes électorales à 3% au lieu de 5%. Ce qui a irrité le parti d'Ouyahia. «Ni consultation ni tractation, le FLN a fait cavalier seul dans l'amendement du projet», affirme sur place Chihab Seddik, député RND. Le parti majoritaire, explique-t-il, a complètement oublié ses engagements envers les partenaires de l'Alliance. Le président du groupe parlementaire du RND, l'avait même signalé à l'assistance.«On a essayé de contacter les membres du FLN en vain, tous les portables étaient fermés», avait précisé M.Chorfi. Cette décision a véritablement secoué l'assistance, en particulier le parti du FLN. Afin de rectifier le tir, la séance a été suspendue pendant 20 minutes. Objet: engager des tractations avec les groupes parlementaires pour assurer le passage de la loi. Effectivement, le FLN a réussi son pari. Les amendements, point de discorde, ont été adoptés par 207 voix. Les voix du RND ont été remplacées par celles du FNA. Au lieu de négocier avec le RND son partenaire, le parti du FLN a préféré s'en passer carrément. Cette situation confirme l'hostilité latente entre les deux partis. Le parti du MSP déplore de son côté le comportement du FLN. Le président du groupe parlementaire affirme qu'il n'a pas été sollicité par le FLN. «On a voté parce que la loi ne vise pas l'exclusion des petits partis du champ politique ainsi aussi le taux de 5% a été réduit à 3%», assure M.Issad Ahmed. Pourtant, pour un parti qui préside l'Alliance, il se doit de consulter ses pairs avant de prendre une décision. L'Alliance a-t-elle perdu la raison? Fort possible. Les indices d'une déchirure ne cessent d'apparaître. Après ce qui s'est passé à l'APN, l'Alliance semble avoir perdu sa raison d'être. Le scénario de samedi promet que l'explication entre les deux grands partis sera dure. Par ailleurs, sachant que le FLN a fait l'impasse sur ses partenaires, qu'en est-il des autres partis? Plusieurs formations entre autres, le PT, le RCD, le FNA et En Nahda ont rejeté la loi rappelle-t-on.