L'épisode des amendements au code de la famille est minimisé par les membres de l'Alliance. La réunion au sommet entre le RND, le FLN et le MSP, ne pourra avoir lieu qu'à l'issue du congrès du FLN, prévu pour la fin du mois en cours. L'absence d'une direction légitime et unifiée au sein du vieux parti semble la principale entrave à une rencontre très attendue, mais qui ne s'est jamais tenue depuis la mise en place de l'Alliance présidentielle, quelques semaines avant l'élection du 8 avril dernier. Alors que les observateurs spéculent sur des divergences de fond qui seraient apparues entre les trois formations politiques, les deux partenaires du FLN disent tenir à cette initiative et affirment que stratégiquement, il n'y a aucun nuage qui assombrit une démarche censée résister aux ambitions politiciennes des uns et des autres. Le chef du groupe parlementaire du RND, Miloud Chorfi, soutient que «les contacts entre les dirigeants des trois formations sont réguliers» et qu'il n'y a pas lieu de penser à un différend au sein de l'Alliance. Quant à l'épisode de l'amendement du code de la famille, qui a donné une nette impression de divergence profonde entre les membres de l'Alliance présidentielle, notre interlocuteur affirme que son parti ne peut être comptable des déclarations faites par les dirigeants du MSP. Pour le chef du groupe parlementaire du RND, c'est à la formation de Bouguerra Soltani à qui il faut poser la question. «En ce qui nous concerne, nous soutenons les amendements apportés au code de la famille du fait qu'ils vont dans le même sens que le programme du président de la République», relève Miloud Chorfi qui tient à souligner que les partis de l'Alliance présidentielle conservent leur autonomie d'action en toutes circonstances. Cela dit, il estime que la question du code de la famille n'est pas de nature à bloquer l'Alliance présidentielle. Au MSP, l'on est moins nuancé. Abderrezak Mokri affirme clairement que le fameux sommet ne s'est pas tenu parce qu'«il y a un problème au sein du FLN qui n'arrive pas à désigner son représentant». Seulement, il y a lieu de souligner que cette initiative a vu le jour, alors que la crise au FLN battait son plein. Il semble que les partenaires de l'Alliance présidentielle préfèrent attendre une issue au blocage qui mine actuellement le vieux parti, avant d'entreprendre quoi que ce soit. L'objectif étant de faire en sorte que les différents sons de cloche qui émanent du FLN ne déteignent pas sur le pacte conclu entre cette formation politique et ses deux partenaires au pouvoir. Cela étant, le cadre du MSP évacue, lui aussi, toute idée de divergence au sein de l'Alliance. «Nous ne sommes pas dans une logique de confrontation avec la présidence de la République», soutient-il, allusion faite à la campagne que son parti a menée contre les amendements du code de la famille. «Au MSP, nous avons estimé que des amendements à cette loi sont nécessaires, mais nous pensons également que le projet soumis au gouvernement n'est pas compatible avec les aspirations réelles de la société.» Le fait que ce même projet n'ait pas été abordé en conseil des ministres est perçu par de nombreux observateurs comme un acquis de taille pour le parti de Bouguerra Soltani. Même si le chef du gouvernement et néanmoins secrétaire général du RND, a affirmé lors de son discours devant le Cnes que les amendements passeront, il n'en demeure pas moins que le texte n'a toujours pas passé le cap du conseil des ministres. Abderrezak Mokri qui, vraisemblablement a la victoire modeste, affirme, à ce propos: «Le président de la République est à l'écoute de la société, les réactions suscitées par les amendements l'ont sans doute amené à temporiser pour aboutir à un texte de loi plus conforme au désir réel de la société». Récusant le terme de campagne, notre interlocuteur dira que «nous avons donné notre point de vue au même titre que de nombreuses tranches de la société». Décodée, la déclaration de Mokri sous-entend que les thèses de son parti ont une large popularité. Seulement, le parti islamiste ne veut pas pour autant entrer dans une logique de guerre partisane au sein même de l'Alliance présidentielle. En tout état de cause, il est clair que le principe de l'alliance autour du chef de l'Etat est une donnée stratégique que partagent les trois formations politiques. Cependant, cette même alliance n'arrive toujours pas à s'exprimer pleinement, voire à prendre la dimension sociale qui semble cruellement lui faire défaut. En attendant, la scène nationale souffre d'une apathie de laquelle seule une révision de la carte politique peut la sortir. Et la sortie de crise du FLN est un facteur déterminant pour relancer la dynamique politique en Algérie.