«La guerre est toujours le premier voeu d'un gouvernement puissant qui veut devenir plus puissant encore.» (robespierre 1758-1794). L'installation du bouclier américain antimissile en Europe est, aux yeux de la Russie, la «goutte qui fait déborder le vase», dans ce long processus d'encerclement stratégique de la Russie depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, et le début de la détente entre le bloc occidental et l'ancien empire soviétique. Le président russe, Vladimir Poutine, a souvent et régulièrement, alerté ses homologues européens des conséquences de la politique unilatérale américaine, «d'occupation et de conquête» d'espaces stratégiques en Asie mineure, au Caucase et jusqu'aux portes de la Russie. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2000, et profitant d'une situation interne de transition politique difficile en Russie, George Bush mène, depuis, une campagne continue de redéploiement des forces américaines dans des zones traditionnellement sous influence russe. Après l'Afghanistan et l'Irak, les USA par Otan interposée, ont «happé» pratiquement l'ensemble des pays de l'ex-Europe de l'Est dans leur giron. Il en a été de même pour ce qui concerne le projet de bouclier antimissile en Pologne et en Tchéquie. Dès son annonce, en 2002, par les alliés, la Russie avait fait des réserves. Récemment encore, lors du Sommet du G8 de juin tenu en Allemagne, Vladimir Poutine a proposé une collaboration russo-américaine sur la défense antimissile d'une manière générale, en offrant pour ledit projet, la base russe située en Azerbaïdjan. Aucune proposition russe n'a été acceptée. Dès lors, la décision de Moscou de suspendre, samedi dernier, le traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE), apparaît comme une attitude de légitime défense, et l'annonce de son retour dans l'échiquier international. C'est que la Russie est sortie, grâce à la récupération de ses richesses en gaz (Gazprom), de la zone de turbulence économique qu'elle vivait depuis l'époque Eltsine. Aussi, il n'y a pas que la question de la défense antimissile qui oppose Moscou à Washington. L'avenir du Kosovo risque d'être l'autre sujet de discorde qui ne pousse pas à la détente militaire. Depuis samedi dernier, les signes de nervosité se manifestent en Europe et au sein de l'Otan. L'Organisation transatlantique a jugé, par la voix de son secrétaire général, «regrettable» la décision de Poutine. «La décision de Moscou est décevante. Il s'agit d'un pas en arrière, car pour les alliés de l'Otan, ce traité est un fondement important de la sécurité et de la stabilité en Europe», affirmé le porte-parole de l'Otan, avant d'annoncer la réunion extraordinaire des 26, alliés de l'Organisation pour ce lundi 16 juillet. En Allemagne, en Pologne, les réactions ont été toutes aussi alarmistes. Pourtant, le président russe a toujours fait savoir son opposition au projet de défense antimissile, tel que présenté par les USA. Face à la persistance de Washington à suivre sa seule logique, il est quasiment certain que Moscou va renforcer sa présence militaire au Caucase, redéployer ses troupes et probablement pointer, comme il l'a déjà annoncé, ses missiles balistiques sur l'Europe. Le spectre de la guerre plane plus que jamais sur l'Europe et... le monde.