La Russie ne déploiera ses missiles Iskander dans la région de Kaliningrad, enclave russe entourée de pays de l'UE, que si Washington met en place son bouclier antimissile en Europe, a déclaré mardi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. “Nous avons dit par la voix de notre président (Dmitri Medvedev) que si la troisième zone de positionnement du bouclier antimissile des Etats-Unis est réellement créée, une des mesures pour neutraliser les menaces qui apparaîtront inévitablement pour la sécurité de la Russie sera le déploiement des systèmes (de missiles) Iskander dans la région de Kaliningrad”, a expliqué M. Lavrov au cours d'une conférence de presse. Les Iskander seront déployés “seulement si la troisième zone de positionnement prend réellement forme”, a-t-il insisté à l'issue d'une rencontre avec son homologue finlandais, Alexander Stubb, président en exercice de l'OSCE. “Nous avons encore du temps pour examiner une nouvelle fois les menaces réelles et non imaginaires pour l'Europe et prendre une décision non pas unilatérale, mais collective” sur un nouveau système de sécurité en Europe, a-t-il ajouté. Le président Medvedev a déclaré dans son premier discours à la nation le 5 novembre que la Russie allait déployer des missiles dans la région de Kaliningrad afin de “neutraliser” les éléments du bouclier antimissile américain qui seront installés en Europe. Moscou semble donc avoir fait un pas en arrière en liant désormais l'installation des Iskander au déploiement effectif du bouclier américain. L'Otan s'est inquiétée pour sa part de la conformité d'un tel déploiement avec les accords de contrôle des armements, tandis que Washington a jugé l'initiative russe “décevante”. Prague et Washington ont signé récemment deux accords en vue du déploiement, prévu à l'horizon 2012, d'un puissant radar au sud-ouest de Prague, qui doit être couplé à dix intercepteurs en Pologne, afin de contrer de possibles attaques de missiles de longue portée. Le système est destiné, selon Washington, à empêcher d'éventuelles attaques de pays “voyous” comme l'Iran. Le projet a suscité la colère de la Russie qui y voit une atteinte à sa sécurité. Le président Medvedev a proposé, en juin à Berlin, de conclure un “pacte régional” de sécurité européen et de réunir à cette fin “un sommet européen”, une annonce largement interprétée comme une tentative d'affaiblir l'Otan. R. I./Agences