Témoignage de Redha Malek et du Suisse Favro. Le thème débattu, hier, au forum du quotidien El Youm ce sont les accords d'Evian qui annonçaient l'indépendance de l'Algérie et la fin de la guerre. Les deux hôtes du forum, M. Redha Malek et l'intermédiaire suisse, Charles Henry Favro, sont revenus en détails sur les deux phases des négociations algéro-françaises. S'exprimant à partir de la Fondation Boudiaf, un lieu hautement symbolique, dira M.Favro, les deux hommes reconnaissent que les négociations n'étaient pas à cette époque chose aisée. Ils sont également d'accord pour dire que la médiation suisse était d'un apport inestimable pour la résolution de la question algérienne. Intervenant en premier, le journaliste suisse et ami du FLN a affirmé que les tractations secrètes entre Français et Algériens ont commencé en 1956, c'est-à-dire bien avant la création du Gpra et l'arrivée de De Gaulle au pouvoir. Selon ce dernier, les premières initiatives ont été faites par Tayeb Boularouf, qu'on désignait sous le nom de l'Espagnol, qui a préparé la première rencontre entre, d'une part Ali Boumendjel et Ferhat Abbas, et d'autre part la délégation française guidée par Hugo Buissonnier. C'est ce dernier qui, dira M.Favro, évoquait pour la première fois la médiation suisse. Et d'ajouter que dès la rencontre de Melun, les 22 et 23 juin 58 et son échec (avec les délégués de la Wilaya IV) le Gpra commençait à s'imposer comme unique négociateur. Après la rencontre entre Saâd Dahleb et Chalier le 2 février 1961, un communiqué franco-suisse a été rendu public et parlait clairement de bons offices qui, comme il fallait s'y attendre, seront opérés par la Suisse. Pour Redha Malek, les différentes parties de la phase secrète des négociations n'étaient que des opérations psychologiques. Il dira que la vraie négociation a commencé avec l'arrivée du général De Gaulle au pouvoir. Rebondissant sur la rencontre de Meulin, Malek a affirmé qu'elle était un acquis pour le Gpra et un échec total du cessez-le-feu local de la Wilaya IV. Evoquant les clauses des accords d'Evian, il a fait remarquer qu'une grande partie n'a jamais été appliquée à cause de l'OAS et du départ des militaires français. Celui qui faisait partie de la délégation algérienne à Evian a nié, par ailleurs, que des accords secrets aient été signés entre les deux parties. Se posant dans le contexte de l'époque, Malek a déclaré que la France voulait des négociations dont feront partie le MNA de Messali Hadj, les élus musulmans et le Gpra, ce que ce dernier a catégoriquement rejeté. S'agissant de ce qui a été appelé la dette française, évaluée à 3.000 milliards de francs français, il a affirmé qu'elle n'a été payée qu'en 1967, et en partie seulement (60 milliards). Par rapport à la question des harkis, il dira que le FLN n'a jamais ordonné leur exécution. Au contraire, souligne-t-il, après avoir été abandonnés par la France, l'Algérie indépendante les a protégés. A la fin de son intervention, M.Redha Malek a déclaré que des forces en Algérie voulaient et faisaient tout pour faire oublier cette étape importante de l'Histoire de l'Algérie, à savoir les accords d'Evian.