Quatorze formations politiques libanaises se sont réunies en France pour tenter de trouver une issue à une crise qui menace la stabilité du pays. A l'initiative du nouveau président français, Nicolas Sarkozy, 14 partis politiques libanais dont le Hezbollah chiite, fer de lance de l'opposition libanaise, étaient réunis pour deux jours, (samedi et hier), au château de La Celle-Saint-Cloud près de Paris, pour essayer d'arriver à une issue de la crise politique qui met à mal le Liban depuis huit mois, menaçant la stabilité du pays du Cèdre. La réunion est présidée par le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui joue le rôle de «facilitateur». Une première réunion à huis clos, qui a duré quatre heures, a regroupé, samedi, une trentaine de personnalités libanaises progouvernementales et de l'opposition. Les discussions, qui devaient s'achever en début de soirée d'hier, ont repris dans la matinée à Paris. Aucune information n'a filtré, hier, de cette première réunion interlibanaise. Aucun communiqué n'est prévu, selon des sources proches des organisateurs. En revanche, le ministre français des Affaires étrangères donnera une conférence de presse après la clôture de cette rencontre informelle entre Libanais, rencontre qui a eu le mérite sinon de briser le glacis qui s'est instauré entre les principaux acteurs du champ politique libanais, du moins de les réunir autour d'une même table. Il ne faut sans doute pas attendre de gros bouleversements de cette rencontre parisienne, mais les observateurs s'accordent à dire que c'est là un premier pas qui demande sans doute à être encouragé pour donner aux Libanais de revenir au dialogue afin de trouver, entre eux, une issue à la crise politique qui secoue leur pays depuis maintenant huit mois, suite à la rupture du dialogue entre le gouvernement du Premier ministre Fouad Siniora et la majorité menée par le Courant du Futur de Saâd Hariri et l'opposition menée par le Hezbollah de Hassan Nasrallah, le parti Amal du président du Parlement, Nabih Berri, et le Courant patriotique libre de Michel Aoun. En tout, quatorze formations étaient présentes samedi à Paris à l'ouverture des discussions. D'emblée, les Français ont levé l'hypothèque qui pesait sur la rencontre de La Celle-Saint-Cloud en affirmant que leur rôle se limitait à celui d'hôtes de leurs amis libanais et qu'ils n'interféreront pas dans les discussions et les affaires internes du Liban. Sous réserve, comme le demandait M Kouchner, que les participants «s'abstiennent de tout contact à l'extérieur pendant la réunion» afin d'éviter les «interférences». En revanche, «d'interférences» il y en eut de la part d'Israël qui prétendait interdire au Hezbollah de participer à cette réunion à Paris, qui «s'étonnait» que la France ait pu inviter le Hezbollah, qui est non seulement l'un des principaux partis libanais, sans lequel il serait illusoire de croire qu'une solution puisse être trouvée à la crise libanaise sans le parti chiite libanais, mais aussi membre du dialogue interlibanais. D'ailleurs, la France a justifié l'invitation au Hezbollah par cette réalité que personne ne peut ni ignorer et encore moins contourner comme le souhaitait Israël. De fait, la présence de ce parti, pour tout ce qui concerne le Liban, est autant incontournable qu'essentielle si l'on veut trouver une issue aux problèmes du Liban. Or, faire l'impasse sur les personnes directement concernées est coutumier à l'Etat hébreu qui s'arroge le droit de choisir «ses» interlocuteurs, pour lequel tous ceux qui le combattent ou n'entrent pas dans ses «normes» sont des «terroristes», à l'image de ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés avec le succès que l'on sait. La réunion interlibanaise qui a repris hier au château de La Celle-Saint-Cloud devait s'achever en début de soirée de ce même jour alors, qu'initialement, sa clôture était prévue pour ce matin. Aucune explication n'a été donnée quant à ce changement de programme. Mais l'important, estime-t-on de sources proches des Libanais, est que cette réunion ait pu avoir lieu et les acteurs du champ politique libanais prendre langue, ce que résume le député George Edwan, progouvernement, qui a indiqué qu'il espérait que cette rencontre «serve de tremplin pour des réunions futures au Liban». De son côté, le ministre démissionnaire de l'Energie, Mohamed Fneich (Hezbollah), présent à La Celle-Saint-Cloud, s'est félicité du fait que «la France a modifié son approche de la question libanaise, qui est désormais plus équilibrée, du moins dans la forme». «La précédente équipe avait pris ouvertement parti pour un camp», a-t-il relevé dans un entretien au quotidien français le Figaro, allusion au fait que le précédent président français, Jacques Chirac, était plutôt en mauvais termes avec la Syrie et ses alliés. Toutefois, dans le cas du Liban, on ne voit pas comment il serait possible de trouver une solution à long terme sans la participation, sous une forme ou sous une autre, de la Syrie sans laquelle il serait vain d'espérer une sortie rapide de la crise profonde qui secoue le pays du Cèdre.