Une conférence de dialogue interlibanais doit se tenir aujourd'hui au château de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines, France) pour débattre de la situation qui prévaut au Liban, au moment où Beyrouth affiche son scepticisme quant à l'issue favorable de cette rencontre. Regroupant près d'une trentaine de personnalités des 14 formations politiques libanaises, dont le mouvement de la résistance libanais, le Hezbollah, la conférence de Paris sera présidée, trois jours durant, par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dans la perspective de « renouer avec le dialogue interlibanais et de régler la crise au Liban ». Les débats, « sous l'impulsion » de M. Kouchner, « seront centrés sur le nécessaire renforcement de l'Etat libanais », avait, dernièrement, indiqué la porte-parole du Quai d'Orsay, Mme Pascale Andréani, en soulignant que « l'objectif est que des discussions aient lieu et qu'elles soient utiles » et que « toutes les parties puissent discuter entre elles comme elles le souhaitent ». Elle avait ajouté qu'il ne s'agissait pas d'une « conférence régionale ou internationale », ni d'une « session du dialogue national sur le modèle de celui qui avait été initié en 2006, même si les forces invitées sont les mêmes ». Des observateurs estiment pour leur part que le but principal de la réunion est d'assurer un « climat propice à l'élection présidentielle » du 25 septembre « en mettant à contribution les acteurs régionaux et occidentaux ». L'annonce de la tenue de cette conférence a suscité chez les forces politiques libanaises une sorte de « scepticisme » sur ses chances, affirmant qu'elles « n'attendent pas beaucoup » de cet évènement. Des sources au sein du Parlement libanais avaient déclaré dans des quotidiens locaux que « même si les responsables politiques français ne pensent pas que la conférence parvienne à trouver une issue à la crise, nous autres, Libanais, ne devons pas non plus y placer de grands espoirs ». La conférence ne constitue qu'un « prétexte pour se réunir loin de la tension provoquée par la crise et examiner les moyens possibles pour régler la situation », ont ajouté les mêmes sources. L'opposition libanaise, représentée par le mouvement du Hezbollah, n'est pas plus optimiste sur ce plan, des sources au sein de cette formation, ayant confié à la presse libanaise qu'« il n'y aura pas de miracles, mais le consentement des leaders libanais d'y prendre part atteste, à lui seul, qu'ils souhaitent améliorer la situation ». Pour l'opposition libanaise, qui a accepté de prendre part à la conférence en envoyant deux représentants, le dialogue parisien « peut aider sinon à rétablir la confiance perdue entre les leaders des forces politiques libanaises du moins à trouver des points communs dans la recherche d'une issue politique à la crise ». Echec de la médiation arabe Une crise politique et institutionnelle a éclaté en novembre 2006 avec la démission de cinq ministres chiites et un chrétien, membres de l'opposition. Elle pourrait s'aggraver à l'approche de la présidentielle qui constitue le nœud de la crise, notamment, avec le risque d'une aggravation des tensions au cas où la majorité et l'opposition ne tombent pas d'accord sur un candidat de compromis, estiment des observateurs. A l'issue d'un entretien avec le président syrien, Bachar El Assad, dernièrement à Damas, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, s'est dit déterminé à « poursuivre les efforts » pour résoudre la crise au Liban et « convaincu que les problèmes arabes doivent être résolus par les Arabes ». « De nombreuses questions ne sont pas résolues, mais il existe une entente (entre la Syrie et l'Arabie-Saoudite) pour progresser vers une solution au Liban », a-t-il soutenu. Avant son arrivée à Damas, M. Moussa avait rencontré le roi Abdallah d'Arabie-Saoudite, à Djeddah, pays qui préside actuellement la Ligue arabe, où il a évoqué une possible reprise de la médiation arabe au Liban, dont une première mission en juin n'ayant pas été concluante.