Naftal assure que l'approvisionnement des stations-service sera revu à la hausse. L'Algérie vit une crise de l'essence qui ne dit pas son nom. Les stations-service sont saturées. L'essence se fait de plus en plus rare. Certains vont plus loin. Ils parlent d'une pénurie inévitable. Avec la venue de l'été, cela risque de ne pas passer inaperçu. Les automobilistes s'inquiètent. On prend son mal en patience dans des queues interminables. Certains se voient dans l'obligation de parcourir plusieurs kilomètres en quête de la perle rare. Et encore, ce n'est pas évident. Parfois, il faut passer par plusieurs stations-ser-vice pour buter contre une longue file d'automobiles. «Pour le moment, on ne s'énerve pas. Déjà, le fait que j'ai trouvé une station pour faire le plein, je m'estime heureux» signale un automobiliste pour qui il a fallu plus d'une heure pour, enfin, trouver une pompe à essence. «A mon avis, il ne s'agit nullement d'un manque d'essence, mais ce sont les responsables concernés qui ont très mal fait leurs prévisions», ajoute notre interlocuteur. Un autre conducteur nous interpelle pour confirmer cette thèse. «J'ai lu, ce matin, dans le journal que le problème est apparu avec l'arrivée de la période des congés. Il faut se détromper. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis, ou en France, ou dans n'importe quel autre pays développé pour qu'on brandisse l'argument des congés. Cela est absolument insensé», estime notre interlocuteur. «Sinon, ajoute-t-il, comment expliquer le fait qu'à 7h30 du matin, il n'y a plus d'essence dans les stations-service?» s'interroge-t-il encore. Hier à 10h, plusieurs stations ont déjà épuisé leur stock. Il n'y a plus rien à donner. Les réserves ont tari. Plus rien à puiser. Il faut seulement attendre le prochain approvisionnement. Lors de la tournée que nous avons effectuée à travers les différentes stations-service de la capitale, il nous a été donné de faire le constat suivant: dans certaines stations, il n'y a que de l'essence «super»; dans d'autres on y trouve que du «sans plomb». Dans d'au-tres encore, on vient tout juste de remplir les réserves. Au niveau de quel engrenage le moulin coince-t-il? La réponse on ne peut la trouver certainement qu'auprès de la Société nationale de distribution des produits pétroliers (Naftal). Contacté par L'Expression, le chargé de la communication auprès de cette société rassure qu'il «n'y a aucune pénurie d'essence». «Nous continuons à approvisionner les différentes stations au niveau du territoire national, le plus normalement du monde. Il faut arrêter de faire monter la tension», confirme M.Chardad. Pourquoi alors toutes ces queues qui s'étendent à une centaine de mètres? Pourquoi dans certaines stations-service, il a fallu l'intervention des motards pour réguler la circulation, suite au débordement de la longue file d'automobiles? Le chargé de communication auprès de Naftal ne manque pas de baser son argument sur une consommation de carburant qui va crescendo. «Avec l'arrivée de la saison estivale, et l'arrivée massive de la communauté émigrée qui vient passer ses vacances en Algérie, la demande dépasse celle enregistrée pendant les autres saisons», insiste M.Chardad. A en croire notre interlocuteur, «l'approvisionnement se fait du même niveau que pendant les autres jours de l'année». Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, Naftal va en profondeur dans ses arguments. A la lecture dudit communiqué, on s'aperçoit que la rareté des produits pétroliers n'est pas le seul facteur qui a provoqué les longues files d'automobiles. La demande se fait de plus en plus, «en raison du lancement de nombreux chantiers de travaux d'infrastructures engagés au niveau de la capitale» lit-on dans le communiqué. Toutefois, si cela atteste d'une chose, c'est bien le manque d'organisation flagrant dont souffre la Société nationale de distribution des produits pétroliers. Sinon, comment expliquer le fait qu'une société d'une telle envergure, investissant même à l'extérieur du pays, et qui, de surcroît, détient, à elle seule, le monopole de la distribution des produits pétroliers, n'ait pas pu faire ses prévisions? Car, il faut le dire, si la crise constatée actuellement n'est pas provoquée par la pénurie, elle est donc née à la suite d'une désorganisation terrible au sein même de Naftal. Aussi, laisser les volumes de distribution en stagnation n'est qu'une preuve de plus que ladite société ne suit guère la situation du marché. Car si la tension constatée autour des produits pétroliers n'est pas le fait de la rareté du produit en question, Naftal ne prend pas donc, en considération les volumes de l'offre et de la demande. Quoi qu'il en soit, du côté de Naftal, on assure que le problème sera réglé le plus tôt possible. Comment? «Nous allons procéder à l'augmentation de l'approvisionnement des stations-service», souligne le chargé de la communication auprès de la Société nationale de distribution des produits pétroliers. «Pour le moment, ajoute M.Cherdad, nous sommes en contact avec les directions de wilaya pour autoriser nos camions à augmenter le nombre de leur navette. Nous allons, de ce fait, régler définitivement ce problème». Notre interlocuteur n'hésite pas, enfin, à imputer la tension entourant la «soi-disant pénurie d'essence» à la rumeur qui a fait tâche d'huile. Il faut dire que le téléphone arabe a fonctionné à merveille ces temps-ci. La rumeur selon laquelle les travailleurs de Naftal entameront une grève générale, conjuguée à la probabilité de l'augmentation des tarifs du gasoil, n'ont fait qu'ajouter de l'huile sur le feu. Et comme résultat: l'essence a failli perdre son essence.