Echauffourées, batailles rangées, émeutes sont leur lot quotidien. Tizi Ouzou-Ville montre, désormais chaque après-midi, son visage des mauvais jours. Les rues avoisinant l'avenue principale et l'avenue Abane, se transforment, dès le début de l'après-midi, en «théâtre des opérations». Les jeunes, de plus en plus excités, commencent à lapider le groupement de gendarmerie. Comme attendu, les groupes d'intervention rapide sortent et occupent la rue. Les affrontements commencent. Des pierres s'échangent. Les premiers tirs, par balles en caoutchouc, claquent, les grenades lacrymogènes suivent. La rue disparaît sous un nuage de gaz. Les deux camps se donnent du «coeur» en hurlant. Des détritus jonchent les trottoirs de l'avenue principale pour cause de grève des services de l'APC, notamment les agents de la voirie. Certains immeubles comme le siège de la Sonelgaz, cible de la colère juvénile, ou encore le siège de la Cnep, le seul bâtiment en verre de Tizi Ouzou, portent des stigmates. Tout cela donne un aspect rébarbatif à une ville qui, il n'y a pas si longtemps encore, était considérée comme la perle du Djurdjura. Les effervescences redoublent et aux gendarmes viennent se joindre les CNS. Les grenades lacrymogènes pleuvent. Mais les manifestants n'en ont cure. Certains jeunes, plus téméraires que d'autres, se saisissent de l'objet encore fumant et le renvoient à son... expéditeur. Des groupes d'émeutiers se dispersent à travers la ville où ils «organisent» les affrontements. Ainsi, outre la grande rue, avenue Abane, des affrontements sont signalés également au niveau du marché couvert, du rond-point, devant le Trésor de wilaya, au niveau du quartier, le Grand Mondial et devant le tribunal de la ville. Là, les choses se font plus sérieuses. Les cocktails Molotov pleuvent sur le tribunal, les CNS ripostent avec des grenades lacrymogènes... plusieurs jeunes manifestants sont interpellés, la soirée est de plus en plus chaude. Ailleurs, au niveau de Maâtkas, un chef-lieu de daïra, sis à environ une vingtaine de km au Sud de Tizi Ouzou, de violentes émeutes ont éclaté. C'est le même spectacle de désolation qui y règne. Il en est de même à Mekla et à Azazga, où la colère est surtout nocturne. Aussi, après la mise à sac du siège de la section FFS, un café maure a été incendié. Enfin, le mouvement citoyen, notamment la présidence tournante de la Cadc après avoir organisé, dans la journée de samedi, un meeting à Naciria (Boumerdès) pour appeler au rejet des élections, les délégués ont fustigé les partis qui se sont prononcés pour les législatives tels le FLN, le RND, le MSP, le PT. La Cadc informe la tenue aujourd'hui, à Tigzirt et par la coordination locale, d'un meeting et ce, après une marche à travers les rues de la cité balnéaire et l'organisation d'une cérémonie de recueillement, le 19 mars à 10h, à Tizi-Aïssa (Aït-Yahia Moussa) au musée Krim Belkacem, et ce, dans le cadre de «la réapropriation des dates historiques».