Des échauffourées ont émaillé, dans la matinée d'hier, la ville des Genêts. Des échauffourées ont opposé les URS aux jeunes au niveau de la ville de Tizi Ouzou. Le théâtre Kateb-Yacine, ancien siège de la Cadc, la cité des Genêts et le quartier le Mondial, ont renoué, hier, avec les émeutes. Pneus enflammés, jets de pierres et au niveau du théâtre Kateb-Yacine, jets de cocktails Molotov ont rendu, subitement, l'atmosphère lourde et tendue. Au quartier des Genêts, des jeunes commencent par dresser une barricade et par enflammer des pneus. L'épaisse fumée qui s'élève fait vite baisser le rideau aux commerces des rues avoisinantes : la rue Lamali et l'avenue Abane-Ramdane. La police intervient, d'abord avec des policiers en civil appuyés par deux voitures de police, les pierres pleuvent. Les policiers répliquent par des grenades lacrymogènes. Les rues se vident. Un attroupement de curieux se fait au niveau du carrefour de l'hôpital. Les passants sont invités par les renforts d'URS à se disperser. Une vieille donnait cette pénible impression de ne plus savoir où elle allait, incommodée par les odeurs de gaz et par le fait de ce rassemblement important de policiers. Certains ont même perdu leurs chaussures dans la bousculade. Devant le théâtre Kateb-Yacine, les jeunes, désormais habitués à lapider les URS qui occupent la place, depuis que la Cadc y a été évacuée, se rassemblent. Là aussi, les pneus s'enflamment, la lapidation prend de l'ampleur, les policiers répliquent d'abord avec des pierres, puis avec des grenades lacrymogènes. Les cocktails Molotov font leur apparition. Le quartier se vide. Les émeutiers et la police sont seuls dans ce rude face-à-face. Les mêmes scènes sont vécues au niveau du Mondial. Là aussi, les gaz lacrymogènes ont été généreusement distribués. L'effervescence a duré deux à trois heures. C'était cependant suffisant pour que les commerces de l'avenue Abane et de la rue Lamali, ainsi que ceux avoisinant les quartiers où les émeutes ont éclaté, baissent leur rideau toute la journée. Alors que rien ne le laissait prévoir, ces «émeutes» subites laissent les observateurs faire une lecture plausible. C'est à 10 h, heure prévue pour la tenue du conclave extraordinaire de la Cadc à Tizi Rached, que les choses se «gâtent» à Tizi Ouzou. Cette «liaison» entre les émeutes et le conclave est vite faite. On prétend que les émeutes sont, en fait, une manière pour ceux que l'on appelle les radicaux du mouvement, de peser sur les travaux de la rencontre de Tizi Rached. Une rencontre qui porte, entre autres, sur les dysfonctionnements de la Cadc. Le face-à-face, qui a duré, une bonne partie de la matinée, a pris fin vers 13h30-14h00, après cela tout est rentré dans l'ordre. Tizi Ouzou vaquait à ses occupations comme si rien ne s'était passé.