Apres et violentes, les émeutes ont pris la place des échauffourées, jeudi, aussi bien à Tizi Ouzou qu'à Tizi Rached et à Azazga. Les face-à-face ont été brutaux, rudes et durs. Après quatre jours d'échauffourées, entre jeunes manifestants et éléments des groupes d'intervention rapide de la gendarmerie et les URS, la violence est montée en cadence jeudi. Le fossé existant jusque-là entre les gendarmes et les jeunes s'est encore élargi. Et personne n'est actuellement en mesure de dire de quoi demain sera fait. Il était environ midi quand le «départ» des troubles est donné. Plus qu'auparavant, les manifestants étaient nombreux et surtout décidés. Les premières pierres visant le groupement de la gendarmerie sis au boulevard-Est de l'avenue Abane atterrissent dans la cour. Les pandores sortent et occupent le quartier, notamment les rues avoisinant le groupement. Les échanges de pierres ponctuent les jets de cocktails Molotov et de grenades lacrymogènes. Les habitants suffoquent. Les tirs se font de moins en moins précis et des pierres, lancées par des frondes rageuses appartenant aux deux camps, pulvérisent les carreaux des appartements riverains. Les gaz envahissent les logements, les vieillards, les bébés et les malades n'en peuvent plus ! L'avenue Abane se remplit de monde. Les manifestants semblent préférer les cocktails Molotov. Les autres quartiers de la ville sont également en furie. C'est le cas du lotissement Bouaziz, la gare routière, devant la cour de justice, au quartier les Genêts, devant la Maison de la culture, au quartier Grand-Mondial, devant le siège de la Sonelgaz. Contrairement à ces derniers jours, l'émeute était partout et violente. Les lampadaires de l'avenue Abane et de quelques rues ont grandement souffert, certains, réparés récemment, ont été de nouveau brisés. Le siège de la Cnep, le seul bâtiment en verre, de l'avenue Abane a vu ses carreaux voler en éclats, notamment ceux de la façade donnant sur l'avenue Abane qui ont été la proie des projectiles. Le siège de la Sonelgaz au niveau du rond-point, du centre-ville, a été également la cible des émeutiers. Les murs de la courette jouxtant le parvis de l'entrée, sont carrément détruits. L'immeuble est attaqué aux cocktails Molotov. Les «accrochages» entre émeutiers et forces de sécurité sont âpres. Les gendarmes se font plus rudes dans leur intervention. La cour du Bâtiment bleu, mitoyen du groupement, est «occupée» par une escouade de gendarmes durant près de quatre heures. Depuis certains logements des projectiles sont lancés sur les gendarmes ont répliqué avec des pierres, d'autres avec des grossièretés. Au niveau du rond-point, la violence a gagné d'intensité. Des URS juchés sur les terrasses de certains immeubles s'essaient à protéger les édifices publics. Mais seul, celui de la Sonelgaz est ciblé. Ni la poste ni les banques, encore moins l'APC ne sont sur «la liste». C'est qu'on reproche à la Sonelgaz, de n'avoir pas accepté de défalquer des facteurs d'énergie, la redevance de l'Entv que le mouvement citoyen ne veut absolument pas payer. Un jeune émeutier a reçu une grenade lacrymogène au niveau de la hanche, mais «la blessure» ne l'a pas gêné pour continuer les lapidations. Le face-à-face a duré jusqu'à 23h, à Tizi Ouzou. A Azazga et à Tizi Rached, les choses se sont compliquées. A Tizi Rached, on a recensé près d'une dizaine de blessés par objet contondant, deux jeunes gens seraient dans un état sérieux. Ils ont été évacués sur l'hôpital. Hier, les émeutes ont repris aussi bien à Azazga qu'à Tizi Rached et à Irdjen. A Tizi Ouzou, au niveau du rond-point du centre-ville et au Grand-Mondial, la fièvre n'a pas baissé. Tizi Ouzou, qui ne croit plus en un espoir de tranquillité, croise les doigts pour que les choses n'empirent pas.