Il convoque ses lieutenants pour se doter d'une nouvelle stratégie. Les principaux représentants des katibate du Gspc ont organisé une réunion de «salh» (réconciliation), quelque part dans le massif central de Kabylie, nous a-t-on informé de source sûre. Cette réunion, éminemment stratégique pour l'état-major du Gspc, avait pour but un point très précis: aplanir les différends entres les diverses factions de cette organisation. La réunion devait aussi servir à revoir les données et la stratégie, car la poussée des services de sécurité a complètement grignoté les anciens sanctuaires pour contraindre les éléments armés du Gspc à se trouver d'autres fiefs. Notre source précise aussi que le désaccord entre le «séparatiste» Abderrazak le para et l'émir national du Gspc, Hassan Hattab, reste à ce jour posé, le premier ayant décidé de s'autogérer dans la région allant de Annaba, Tébessa, Batna et plus au Sud vers M'sila où les troupes se sont peu à peu déployées. Cette réunion, qui a dû être tenue au pied levé, s'est certainement faite entre Hattab et ses lieutenants, en nombre réduit, car les ratissages, aussi bien des militaires que de la gendarmerie (groupement de Béjaïa), ne laissent que peu d'espace, de marge de manoeuvre et de temps aux poignées d'hommes armés de l'organisation, obligés de se déplacer «en continu» dans les vastes régions boisées de Kabylie (Takhoukht, Mizrana, Sidi Ali Bounab, l'Akfadou, etc.). Si cette réunion est une tentative faite par Hattab pour réunir les rangs d'une organisation en totale décomposition (près de 350 hommes tués depuis le 1er janvier 2001 à ce jour, selon un décompte fait sur la base des articles de la presse quotidienne), elle est surtout d'ordre stratégique et de reconfiguration, car les nouvelles donnes sécuritaires rendent caduc l'organigramme en cours dans la direction du Gspc depuis le début de l'année 2000. Rappelons que la disparition de Abdelmadjid Dichou, figure emblématique du Gspc, a totalement brouillé la stratégie du Gspc, et des dissidences ont éclaté çà et là, après que des groupuscules, anciennement affiliés au GIA eurent prêté allégeance à Hattab. Le cas de Abderazzak le para n'est pas isolé. D'autres chefs, notamment les ex-chefs de zones affiliés aux GIA, ont rompu le contrat avec le Gspc et pris leurs distances par rapport à Hattab. L'organigramme de 2000 s'est de fait désagrégé. Les ex-émirs régionaux, Abdelhamid Saâdaoui, Khaled Kébir et Djamel Harfouchi ne le sont plus. Les cinq katibate se sont effritées peu à peu. Sur un effectif originel de près de 450 hommes, il ne reste plus grand-chose. La katibat El Feth couvrait Benzerga, Réghaïa, Boudouaou et Bordj El-Kiffan, avec un effectif de 42 hommes armés. La katibat Al-Ansar écumait Dellys, Baghlia, Naciria et Bordj Ménaïel avec 165 éléments. La katibat El-Arkam, avec 32 hommes, couvrait Zemmouri, Corso et Thénia. Celle d'El-Qods avait 73 hommes et couvrait Khemis El-Khechna, Bouzegza et Rouiba. Enfin celle appelée El-Farouk avait 25 hommes et couvrait Boumerdès, Tala Mehdi et Chaâbet El-Ameur. Si on regarde aujourd'hui cette configuration, on remarque qu'elle est complètement dépassée. La poussée des services de sécurité ont déplacé le danger Gspc au-delà de la région de Thénia et Bouzegza. Les dissensions internes et les ratissages «en continu» en ont laminé les fondements.