Des sources militaires à Alger n'ont pu ni confirmer ni infirmer cette information, mais ont précisé que le Gspc s'approvisionne, habituellement, en armes et munitions à partir du Sahel. Des armes de guerre venant des pays du Sahel, et spécialement du Niger, du Mali et du Tchad seraient en voie d'être convoyées vers les maquis du Nord algérien pour le compte d'Al Qaîda au Maghreb islamique. L'Agence saoudienne de presse qui a donné, jeudi, l'information, cite des hauts responsables des services de sécurité algériens, et dit encore, se basant sur les mêmes sources sécuritaires, que les frontières sud de l'Algérie ont été rendues hermétiques, de sorte à ne laisser aucune voie de communication routière libre et sans contrôle. Des unités de combat de l'armée algérienne ont pris position le long des frontières sud, et la cote d'alerte a été relevée d'un cran afin de faire face à toute incursion par voie terrestre. Selon les mêmes sources, ce plan de sécurité a été adopté après que des renseignements aient fait état d'une livraison imminente d'armes pour les maquis du Gspc-Aqmi. Des sources militaires contactées à Alger, n'ont pu ni confirmer ni infirmer cette information, mais nous ont précisé que traditionnellement, le Gspc s'approvisionne en armes et munitions à partir des pays du Sahel, presque tous sous la tension des groupes rebelles et de la prolifération et la vente des armes «à ciel ouvert». Selon un récent rapport de la commission armement de l'ONU, au moins 5 millions de personnes auraient été tuées dans des conflits intérieurs en Afrique. Mais, plus que les chars, l'aviation ou la marine de guerre, ce sont les armes légères comme les fusils, les mitrailleuses, les pistolets ou les grenades, qui tuent massivement: 5 millions de victimes entre 1990 et 2006. Actuellement, c'est la bande du Sahel qui semble être prise dans l'engrenage de la violence. Après les séditions de la Mauritanie (que le putsch militaire opéré par Ould Mohamed Val semble avoir freiné momentanément puis la période de transition réussie qui a abouti à une élection jugée «propre»), le Mali, le Tchad, le Soudan et la Somalie sont entrés dans la phase active des troubles et tensions politiques. Le Niger, qui n'échappe pas aux troubles, a lancé, depuis peu, une campagne pour freiner la prolifération des armes légères, en incitant la population à restituer volontairement les armes détenues illégalement. D'après les autorités nigériennes, les vastes zones désertiques d'Agadez (nord) et de Diffa (sud-est), limitrophes de l'Algérie, de la Libye, du Tchad et du Nigeria, sont devenues des repaires de trafiquants d'armes, de drogues et de véhicules. Cette insécurité pousse les tribus nomades et les commerçants, à s'armer pour se protéger contre les voleurs de bétail et les bandes armées. En 2005, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao) a estimé à près de 10 millions, le nombre d'armes légères et de petits calibres qui circulent à l'intérieur des 15 pays membres. Voilà pourquoi les frontières sud alimentent une bonne partie des soucis de l'Algérie. Le Tchad, qui est entré dans une phase cruciale de sa crise, et bien qu'il n'offre pas de frontières directes avec l'Algérie, n'en constitue pas moins une zone de transit, via le Niger, vers le Sud algérien pour les marchands d'armes, très entreprenants dans la région, surtout en période de troubles. Et voilà pourquoi les vastes bandes de la région saharo-sahélienne constituent aujourd'hui, un danger constant. Zones grises s'il en est, créées par des contrebandiers locaux, des cigarettiers de grand chemin, des commerçants d'armes, des Touareg séparatistes et des islamistes séditieux, et tensions suspectes qui coïncident avec le moment où Washington met en place des structures de surveillance de ce vaste territoire saharien, dans le cadre de son plan dit Pan-Sahel. L'épisode du Gspc avec la prise d'otages au Mali, au Niger, puis au Tchad, a eu le mérite de percer le mystère qui enveloppait les routes et les cheminements des armes légères pour arriver jusqu'aux maquis algériens du Nord. Selon un responsable militaire, «le même type d'armes légères, qui a été retrouvé à Jijel et dans les Babors, lors des ratissages militaires de 2005, a été retrouvé aussi chez les terroristes dans l'ouest algérien, à Saïda, Relizane et à Sidi Bel Abbès. Cela ne peut s'expliquer que par le fait que les groupes armés se dotent en matériel militaire et en armement chez les mêmes fournisseurs». A partir de 1996, de nouvelles routes sont tracées et les maquis du Nord algérien sont submergés de tous types d'armes: armes de poing, kalachnikovs, RPG7, FMPK, lance-roquette... La bande du Sahel, qui s'étend du Sénégal et de la Mauritanie au Soudan et à l'Ethiopie, devient la région qui fournit le plus d'armes aux maquis algériens. Le Niger, le Mali, le Tchad, la Somalie et le Soudan connaissent des tensions politiques et des séditions internes, marquées dans une large mesure par des actions armées. D'où tout l'intérêt que porte le Gspc à ces routes du Sahara. Contrôlées par Mokhtar Belmokhtar, émir pour Aqmi de la zone sud, les cellules opérationnelles de ce groupe peuvent, moyennant des alliances idéologiques ou achetées «cash», transpercer les vastes étendues désertiques des pays du Sahel comme du gruyère. Dans des villes comme Mogadishiu, Kidal, Agadez, Diffa, et des déserts quasi-inexpugnables comme le Ténéré ou le Tibesti qui va pratiquement du Tchad à la Libye, on peut s'acheter des armes de combat chez les florissants marchands d'armes comme on achèterait son pain quotidien...