Il semble nécessaire de se prononcer, d'emblée, pour un théâtre dont le rôle essentiel participe à l'éducation des masses. Le patrimoine national dans le domaine de l'art scénique était étudié, suivi et amplement mis à contribution. Allalou, Bachtarzi, Ksentini, Touri, Mustapha Kateb, Kateb Yacine, Ould Abderrahmane Kaci et autres, constituaient la pléiade d'hommes de théâtre de grandes valeurs artistiques qui étaient des exemples, des sources d'inspirations continuelles, qui éclairaient à travers leurs réalisations, ce mouvement dont l'une des tâches fondamentales, était de poursuivre les efforts, tendent à oeuvrer à l'édification d'un théâtre national, authentique ou moderne et ouvert à l'universel. «L'utilisation du théâtre par les organisations politiques, sociales et culturelles et des intellectuels, comme moyen d'éducation et de prise de conscience du peuple pour la récupération du patrimoine culturel et des valeurs nationales. L'émergence des premières initiatives de pratique théâtrale, s'appuyait sur la dramaturgie française et les valeurs culturelles du patrimoine national», a expliqué M.Athmani. L'approche technique utilisée était construite sur le modèle aristotélicien qui prévalait en France le mélodrame, la vaudeville, l'opérette, etc. «S'intégrant profondément dans les entrailles des luttes entre différentes forces antagonistes, le mouvement théâtral s'est toujours rangé du côté des humbles, des pauvres deshérités des couches sociales qui avaient plus besoin de l'égalité, de la justice sociale et de leur réhabilitation morale et culturelle. Cette voie s'est traduite clairement et systématiquement au niveau des principes fondamentaux régissant le contenu», souligne-t-il. La mobilisation des intellectuels et surtout les membres de la troupe du FLN, les pratiquants en qualité d'amateurs et les autres forces patriotiques et progressistes, a abouti en janvier 1963 à l'élaboration du manifeste du théâtre algérien, ce document à travers lequel des principes fondamentaux, politico-culturels et sociaux et mesures structurantes et vitales pour l'avenir de l'art dramatique, ont été fixés en guise de vision stratégique pour la réhabilitation et le développement du théâtre en Algérie. «La mise en place d'un théâtre d'Etat, centralisé pour la gestion et fonctionnement d'un certains nombre d'entités organiques, chargées de gérer, administrativement et techniquement, les différentes unités rattachées (Alger, Oran, Constantine, Sidi Bel Abbès, Annaba), qui se devaient de réaliser un programme dramatique et d'assurer sa diffusion à l'échelle nationale et à l'extérieur du pays. La création de l'organisation du Festival national du théâtre amateur en 1967, grâce aux sacrifices, à l'abnégation et à la volonté des citoyens progressistes de Mostaganem et à leur amour pour le théâtre, est devenu une réalité, une manifestation de l'art dramatique pour la première fois dans l'histoire du pays», nous relate-t-il avec enthousiasme. L'évolution du mouvement théâtral et les problématiques traitées à travers les productions dans un contexte général très dur, provoquent dès 1968/1969, un processus de transformation qui devrait prendre en charge les nouvelles exigences sociales, politiques et culturelles, d'une part, et les nécessités techniques et artistiques, d'autre part. «Le théâtre a été, à un moment concret de prise de position des forces progressistes, agissant dans la sphère considérée, qui revendiquaient du pouvoir une réglementation de la politique culturelle du pays, la liberté d'expression, la gestion démocratique du secteur de la culture et de l'enseignement à tous les niveaux. Le théâtre a été la pierre angulaire de la rencontre, comme il est constaté, qu'aucune distinction n'a été faite entre le théâtre professionnel et amateur. Compte tenu de ces données, il semble nécessaire de se prononcer, d'emblée, pour un théâtre dont le rôle essentiel est de participer à l'éducation des masses», conclut M.Mokhtar Athmani.