Peur et angoisse sont le lot des gens de Yakouren qui essaient d'oublier la nuit rouge. Yakouren a occupé durant plus de dix jours la scène médiatique nationale. La région, à son corps défendant, a vécu l'enfer, un enfer qu'elle ne s'attendait pas à vivre en 2007. Après l'attaque de la brigade de Gendarmerie et du poste de la police communale, les habitants semblent encore sous le choc. Surtout les familles habitant l'immeuble au-dessus de la brigade de Gendarmerie et qui ont vu les terroristes les faire sortir de chez eux pour, à partir des balcons et ces fenêtres des appartements, viser et tirer sur la brigade. Les gens de Yakouren disent avoir vécu une nuit rouge s'attendant à tout instant à être les victimes des agresseurs ou encore être les cibles de balles perdues. La nuit a été longue, très longue, et ce qui a encore ajouté à l'angoisse des populations, c'est l'arrivée des hélicoptères qui, durant cette nuit d'horreur, ont fini par avoir raison des assaillants et repousser ainsi l'attaque. Les gens de la ville disent que «maintenant cela se passe dans le massif, nous entendons certes des pilonnages et des bombardements mais c'est assez loin». Dans la ville, les gens préfèrent ne rien dire. accostés, certains veulent bien reparler de l'attaque mais disent ignorer ce qui se passe réellement dans la forêt: «Les militaires sont présents, des hélicoptères ont longtemps survolé le massif, des pilonnages ont été entendus et souvent, du moins les premiers jours, des tirs nourris sont entendus dans le massif». Ce qui fait un peu mal aux gens, de cette région, c'est disent quelques jeunes gens, «cette publicité qui est faite autour de notre ville et qui a tué carrément le commerce; les gens qui avaient l'habitude de venir à Yakouren et ceux qui, de temps à autre s'arrêtent en cette petite ville noyée dans la sylve, sont devenus rares.» Un commerçant va encore plus loin en disant: «On a tout fait pour nous montrer du doigt et ainsi tuer carrément toute vie ici. Vous savez le terrorisme nous fait certes du mal mais il y a cette médiatisation, elle nous tue à petit feu. Nous ne travaillons presque plus.» Un autre se demande si «le but est de pourchasser les terroristes ou de tuer le commerce dans cette ville?» «Vous savez là où le ratissage se passe, c'est dans le massif et c'est trop loin». Les gens habitant la ville sont encore sous le choc, mais il faut bien que la vie continue. Les citoyens des alentours viennent toujours faire leurs emplettes et la vie tourne mais au ralenti. Des jeunes gens disent que l'angoisse est toujours là, à peine la nuit tombée, les gens se terrent même s'il est vrai que l'on commence à sortir dehors, il fait trop chaud mais prendre un peu d'air devant le seuil de sa maison, ce n'est pas vraiment sortir. Un des citoyens abordé dira le coeur lourd: La presse a tellement écrit sur Yakouren et certains ont impliqué les habitants dans cette salade, on préfère ne plus parler de ça. «La terreur est lisible sur les visages, la peur et l'angoisse sont très perceptibles. Certes, la journée passe encore malgré que la circulation soit des plus fluides mais la nuit, c'est terrible». Les femmes notamment, ne vivent pratiquement plus, le moindre craquement les fait tressaillir et quand un chien aboie, on se prend les tripes. diront des citoyens. Yakouren est une ville calme. Certes, elle a eu à connaître des moments difficiles, mais elle pensait que cela appartenait au passé. Yakouren espère ne plus jamais avoir à revivre pareille nuit d'horreur. Elle espère et aspire à vivre dans le calme et dans la sérénité, les habitants semblent vouloir dire «en avoir déjà assez avec les problèmes du quotidien».