L'Union générale des commerçants algériens (Ugcaa) se démarque des dernières augmentations enregistrées sur les prix des produits de consommation de base. M.Guebli Saïd, secrétaire national, pointe du doigt les producteurs nationaux. «Il faut absolument cesser d'incriminer les commerçants. Ces derniers n'ont aucune responsabilité dans la flambée des prix des produits de base», a-t-il déclaré à L'Expression. Le gouvernement a instauré de nouvelles règles «extrêmement rigoureuses», permettant un meilleur contrôle du marché. Cela s'est traduit, ajoute-t-il, par la résorption «du phénomène de spéculation.» Les prix pratiqués par les commerçants sont influencés directement par ceux pratiqués par les opérateurs. Effet boule de neige. «Le consommateur et le producteur ne peuvent échapper à cette règle.» M.Guebli atteste qu'il est impératif d'aller au fond du problème, en faisant une analyse exhaustive et objective du marché algérien. «D'emblée, l'on constatera que la production nationale est très faible. Le marché algérien est étroitement lié à l'importation», souligne-t-il. Le cas de la pomme de terre est illustratif. «Malgré les milliards injectés dans le secteur de l'agriculture, la production nationale reste largement en deçà des besoins nationaux». Enfin, Guebli insiste sur le fait que l'ouverture du marché algérien le soumet à la règle «de l'offre et de la demande». Sur ce plan, «le consommateur se voit souvent pénalisé». Eternel dindon de la farce. Une lecture que rejettent en bloc les opérateurs nationaux. Contacté par nos soins, Boualem M'rakèche, président de la CAP, réplique: «Il est urgent pour le consommateur algérien de s'organiser afin de défendre ses intérêts.» Et de préciser: «Les prix obéissent souvent à des éléments qui dépassent le producteur national. C'est le cas des produits cotés à la Bourse de Londres et des USA, notamment le sucre et café et la semoule. Une fois arrivés aux opérateurs, il faut rajouter d'autres intrants, comme le prix du transport et les dépenses additives.» Mais c'est loin d'être une fatalité, souligne M'rakèche: «Tous ces éléments sont à la portée de l'administration publique. Si cette dernière juge que les prix pratiqués sont excessivement chers, elle a les moyens d'intervenir pour réguler le marché.» Notre interlocuteur propose d'instaurer un climat de confiance entre toutes les parties concernées: «Il est important de garantir de bons rapports et un climat de confiance entre les consommateurs, les opérateurs et les services administratifs de l'Etat.» Pour la CAP, il est impératif de corriger les défaillances «au lieu de s'échanger les accusations et les responsabilités». Parmi les propositions mises en exergue, il est question de revoir à la baisse des taxes sur les produits de consommation de base. M'rakèche est convaincu que le gouvernement finira, dans un futur proche, par prendre cette décision qui aura des effets positifs sur les consommateurs et les investisseurs. C'est loin d'être acquis. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a exclu, hier, dans des propos rapportés par la presse, une telle éventualité. En attendant, ménagères à vos bourses.