L'Ugcaa propose l'amendement de la loi relative aux Chambres de commerce au niveau des communes. Au moment où l'Algérie s'apprête à accéder à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), les experts et les spécialistes économiques ainsi que des cadres universitaires posent toujours la problématique de l'organisation du marché algérien. Cette question était, hier, le thème d'une conférence organisée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). L'Algérie doit éradiquer le marché informel qui représente la moitié du marché algérien, estiment les membres du bureau de l'Ugcaa. Selon les chiffres de M.Hadj Tahar Boulenouar, chargé de la communication à l'Union, un million de commerçants activent au noir et plus de 400 marchés anarchiques sont recensés à l'échelle nationale. «Ces chiffres sont alarmants dans la mesure où ils constituent un danger pour l'économie du pays, notamment pour l'investissement», dit-il. Le ministre du Commerce M.El Hachemi Djaâboub avait, rappelons-le, précisé dans ce sens qu'il a été dénombré 732 marchés informels d'une superficie globale de 2,7 millions de m² et dans lesquels activent plus de 100.000 intervenants, soit près de 13% des commerçants inscrits au registre du commerce. M.Djaâboub avait aussi révélé que les efforts engagés par son département ministériel ont permis, selon lui, l'insertion dans le circuit légal d'une trentaine de marchés totalisant quelque 5000 intervenants. Des propositions ont été faites par les représentants de l'Union pour lutter contre le marché parallèle. Elles concernent entre autres, la facilitation des procédures de l'obtention du registre du commerce et l'amendement de la loi des Chambres de commerce au niveau des communes pour donner plus de prérogatives aux élus. L'Ugcaa, poursuivra-t-il, a même proposé, dans les recommandations de son dernier congrès du 22 septembre 2004, l'installation d'un ministre délégué du Commerce chargé de la Réorganisation du marché national. M.Boulenouar a souligné la nécessité de construire des centres commerciaux «afin d'éradiquer ce phénomène, d'une part, et de créer des emplois au profit des jeunes chômeurs, d'autre part». Il a aussi précisé que plus de 300 anciennes galeries et Souks el fellah sont toujours fermés soulignant l'importance de les remettre en activité au profit des commerçants. M.Boulenouar a appelé les collectivités locales à contribuer «en toute rigueur à la lutte contre ce fléau, en se référant aux lois et législations existant en matière de commerce». Pour sa part, le secrétaire général de l'Ugcaa, M.Guebli Saïd, a appelé les collectivités locales à «confier» à l'Union les terrains et les espaces libres au niveau de chaque quartier pour y construire des marchés et des centres commerciaux, au profit des citoyens. De son côté, Ounissi Al Ayachi, professeur de commerce à l'Université de Batna considère que ces données «ne sont pas fiables». «J'estime que le nombre de commerçants exerçant dans l'informel dépasse les trois millions. On avance aussi le montant de 15 milliards de dollars qui circulent en dehors des banques. Nous ne pouvons pas annoncer des chiffres sûrs sur ce phénomène qui gangrène notre économie nationale», souligne-t-il. L'Algérie, dit-il, a signé l'accord d'association avec l'Union européenne en septembre 2005 et pourrait intégrer l'OMC l'année prochaine. «Il faut qu'elle réorganise son marché interne et surtout qu'elle applique les lois d'une manière stricte et rigoureuse». Pour lui, notre pays n'a pas «pris le temps qu'il faut pour préparer et mettre à niveau les entreprises économiques mais aussi les cadres pour faire face à la concurrence. Cela a dû retarder son accession comme nous le constatons aujourd'hui». Il plaide ainsi «pour une réforme de l'organisation et de l'administration en matière de commerce car, selon lui, l'entreprise est appelée à réussir, seulement dans un cadre moderne et contemporain».