Le temps de la peur va céder la place au rêve. Alors que se poursuit le ratissage enclenché sur le massif forestier de Yakouren englobant une partie importante de l'Akfadou, les forces de l'ordre, décidées à porter le grand coup aux éléments armés infestant encore quelques poches de la région, se signalent comme pour dire «nous sommes toujours là!» C'est dans cet esprit que le faux barrage dressé entre la RN25 et le village d'Allela, dans la commune d'Aït Yahia Moussa, daïra de Draâ El Mizan, est monté par ce groupuscule de terroristes. Lesquels, selon des sources, opèrent généralement dans la zone allant de Kadiria, dans le nord-ouest de la wilaya de Bouira aux Ouadhias, en passant par Draâ El Mizan, Aïn Zaouia et Boghni, et dont la zone de repli et de transit semble être la forêt de Boumahni. En fait, ce groupuscule, renforcé par des éléments opérant dans la région de Beni Amrane et dans l'est de la wilaya de Boumerdès, ont essayé plus une opération médiatique qu'autre chose. Aux citoyens tombés dans le faux barrage, on a juste «délivré» un discours pour leur dire que «finalement, on est toujours là et que les opérations de ratissage n'ont pas atteint le but poursuivi». Les terroristes, qui se comportent avec une certaine attention en Kabylie en faisant tout pour ne s'attaquer qu'aux forces de l'ordre, semblent vouloir dire aux populations «laissez-nous faire avec les forces de sécurité et nous ne toucherons pas aux civils!» C'est là où les éléments armés se trompent, car les populations de cette région ont eu, certes, des démêlés avec, notamment, les gendarmes, mais tout de même, ils savent faire la part des choses et choisir entre les représentants de la République et les forces du mal. Ainsi, des jeunes gens qui ont eu maille à partir avec les gendarmes durant les tristes événements du Printemps noir, le disent sans ambages: «Il y a eu des tas de problèmes avec les forces de l'ordre, mais de là à dire que nous optons pour ces sbires, il y a un fossé impossible à franchir!» Un autre explique que «les échauffourées avec les forces de l'ordre sont normales en démocratie, mais cela ne veut pas dire que nous versons dans le camp des coupeurs de routes». Plus politisé et donc mieux à même de comprendre les enjeux et de faire un choix, Seddik est outré par les «trop brefs raccourcis que seraient tentés de faire des observateurs mal avisés». Pour lui, la Kabylie a choisi son camp depuis des lustres. Elle a choisi de se battre pour la démocratie et aucun discours fût-il le plus lumineux, ne saurait la ramener vers ces horizons de brouillard moyenâgeux promis par ceux-là qui sont, en fait, contre ce pays libéré «par nos pères». Certes, il existe des personnes et notamment, des jeunes attirés par l'argent et qui ont perdu les repères pour accepter finalement de travailler pour ces groupuscules. Le fait est qu'ils sont réellement insignifiants en nombre et que les forces de sécurité arrivent, malgré tout, à les éliminer et les neutraliser avant qu'ils ne soient dangereux. La réalité est que ces groupuscules, traqués par les forces de l'ordre, ne savent plus où donner de la tête. Pourchassés jusque dans leurs tanières et souvent errants et à la recherche du moindre recoin où ils essaient de reprendre des forces, ils ont, aussi, comme objectif de faire en sorte que les populations puissent être convaincues de leur capacité de nuisance. Mais les forces de l'ordre, maintenant que la politique de réconciliation nationale est clairement rejetée par les terroristes, ont décidé de les réduire et ainsi de nettoyer les régions, jusque-là assez infestées. C'est le cas de Yakouren, et, semble-t-il, bientôt le massif de Sidi Ali Bounab qui sera certainement visé, selon des sources, par une importante opération de ratissage. Les massifs de Kabylie, qui sont ou seront sous haute surveillance, obligeront, sans doute, les éléments armés à se dévoiler, et donc seront sûrement neutralisés. La Kabylie redécouvrira, enfin, des temps plus cléments, et il ne restera plus qu'à appliquer des programmes ambitieux de développement pour voir, enfin, le sourire renaître sur le visage de nos jeunes.