Les deux attaques de ce week-end sont intervenues deux jours seulement après les accusations de l'armée nigérienne selon lesquelles les Touareg armés du MNJ sont «soutenus de l'extérieur». Une tournure imprévue et dramatique du conflit qui oppose les rebelles touareg nigériens au gouvernement central de Niamey, est intervenue ce week-end. Au moins deux civils ont été tués, dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu'une roquette a frappé leur maison au cours d'une attaque contre un dépôt de carburant dans les environs d'Agadez (Nord du Niger). «Le tir venait du nord de la ville et il semble qu'il visait le dépôt de pétrole de la Sonidep» a indiqué une source proche des autorités d'Agadez. Une autre attaque s'est produite aussi contre Tchirozerine, ville proche d'Agadez et qui abrite une centrale électrique alimentant cette dernière ville et l'usine d'uranium du groupe nucléaire français Areva, basé à Arlit. Ces attaques sont attribuées à des rebelles touareg. Les deux agressions sont intervenues deux jours seulement après les accusations de l'armée nigérienne selon lesquelles les Touareg armés du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) sont «soutenus de l'extérieur». Toutefois, le chef de file des rebelles du MNJ avait nié tout appui venant de l'étranger. Mais ce dernier a, en revanche, reconnu entretenir de très bons contacts avec les Touareg du Mali. C'est une connexion qui s'avère être très dangereuse. Car les Touareg maliens semblent entretenir, de leur côté, de bons liens avec Mokhtar Ben mokhtar, le redoutable chef des groupes armés de la bande sahélienne. Ainsi, la rébellion targuie ne semble pas, du moins à ce stade, ouverte au dialogue, mais dans le même temps n'exclut pas de recourir à la violence. L'espoir d'une négociation est apparu lorsque le président nigérien, Mamadou Tandja, avait sollicité la médiation d'Alger, il y a de cela quelques jours seulement. Accusé d'avoir financé les rebelles touareg du MNJ, le groupe nucléaire français Areva qui exploite, depuis 40 ans, deux gisements d'uranium au Niger, est placé au banc des accusés. Les responsables nigériens avaient pointé du doigt Areva au début de la semaine écoulée. Selon une lecture officielle nigérienne, le financement présumé par Areva des rebelles armés du MNJ est lié au souci du groupe nucléaire français d'empêcher d'autres compagnies étrangères concurrentes d'installer des chantiers dans la zone pour exploiter l'uranium. Des accusations similaires ont été portées contre la Libye, mais officiellement, aucune réaction n'a été faite de la part des autorités de Tripoli. Entre temps, la situation s'est quelque peu envenimée avec le passage à l'acte des rebelles armés du MNJ. Les attaques meurtrières de la nuit de jeudi à vendredi ouvrent la voie à toutes les hypothèses, d'autant que l'espoir de paix qui s'est traduit par la libération, à la fin de la semaine dernière, par le MNJ, de six soldats qui avaient été faits prisonniers à l'issue d'une précédente attaque à Tazarzayt, est ainsi remis en cause. A en croire une source nigérienne, une trentaine de soldats sont toujours entre les mains de la rébellion. Les responsables de l'Etat nigérien n'ont fait aucune déclaration jusque-là, à la suite de cette dernière attaque. Les agressions dans la région d'Agadez ont commencé en février. Toutes les attaques ont été attribuées au groupe des rebelles touareg, du MNJ. Selon certaines sources, le MNJ réclame une meilleure application des accords de paix, notamment les clauses socio - économiques, qui avaient mis fin à la révolte des Touareg en 1995. En fait, les mouvements armés du Niger et du Mali constituent une grosse menace pour la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel. Cette menace a provoqué la montée, au plus haut niveau, de la menace terroriste surtout après l'annonce, par le chef du MNJ, d'une connexion entre son groupe et les Touaregs du Mali. Viendra ensuite la crainte d'une seconde connexion avec le chef des groupes armés du Sahara, Mokhtar Ben mokhtar, puisque ce dernier continuerait à se réfugier au nord du Mali. Il dirige de vastes réseaux de soutien au terrorisme, de trafic d'armes et de contrebande et avait déjà séjourné au Niger et en Libye. Une toile d'araignée qui s'avère être hautement dangereuse.