Le secrétaire général des Nations unies a accepté l'appel de Washington à accroître son rôle dans un pays ravagé par la violence. Le Conseil de sécurité a adopté dans la nuit de vendredi une nouvelle résolution, numérotée 1770, par laquelle a été prorogé d'un an le mandat de la Manui (Mission d'assistance des Nations unies en Irak) dont l'échéance est survenue ce même vendredi, de même que celle-ci «accroît» le rôle dévolu à la mission onusienne dont les activités se sont nettement infléchies ces dernières années, pour cause d'insécurité essentiellement. Dans cette résolution, il est dit que le représentant de l'ONU en Irak et la Manui devront, «si les circonstances le permettent», apporter «conseil, soutien et assistance» au gouvernement irakien dans de nombreux domaines: politique, électoral, constitutionnel, juridique, économique et diplomatique. Le texte note également le «rôle important» joué par la force multinationale en Irak pour soutenir la Manui, notamment dans le domaine sécuritaire, reconnaissant que «la sécurité est essentielle» pour qu'elle puisse s'acquitter de ses tâches. L'ONU a, en fait, pris du recul par rapport à l'Irak, en août 2003, après l'attentat contre le quartier général de la Manui, attentat qui coûta la vie au représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, en sus de la mort de 22 personnes de la mission onusienne. De fait, après cet attentat, le personnel de la mission qui était de 300 personnes a été réduit à 55 personnes dont 50 se trouvent à Baghdad et 5 à Erbil, la capitale du Kurdistan autonome irakien. La résolution 1770 a été adoptée à l'initiative de Washington qui a fait pression, ces derniers mois, sur l'ONU pour qu'il revienne à un rôle accru et plus actif en Irak. Si le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a salué cette résolution qui lui donne «(...) l'occasion d'accroître, là où c'est possible, l'aide de l'ONU» à l'Irak, ce n'est pas le sentiment du personnel onusien qui reste réticent à s'impliquer plus dans ce pays alors que l'insécurité demeure à son plus haut niveau et la violence récurrente. Pays où, justement, sévit une violence que les Etats-Unis, qui ont envahi l'Irak sans l'aval de l'ONU, n'arrivent pas à contenir ni même à atténuer. Pis, l'Irak est livré à une guerre confessionnelle, ce qui ne s'est jamais vu même aux pires moments de la dictature de Saddam Hussein. Ayant échoué à mener à terme leur programme de «démocratisation» de l'Irak, les Etats-Unis tentent depuis plusieurs mois d'impliquer plus directement l'ONU. Soulagé par la prolongation du mandat de la Manui, le président américain George W.Bush, celui-là même qui a donné le 19 mars l'ordre à l'armée américaine d'envahir l'Irak, s'est aussitôt félicité de cette décision l'estimant comme un «signal important de l'engagement» des Nations unies «à soutenir la stabilité dans le pays» selon la Maison-Blanche. Toutefois, des diplomates ont souligné que l'acceptation par les Nations unies d'accroître leur rôle en Irak ne signifie d'aucune manière qu'il y aurait, à terme, une passation de responsabilités entre Washington et l'ONU. En clair, cela veut dire que l'ONU continuera à se cantonner dans un rôle humanitaire ou de «médiateur» comme l'indique M.Ban, en étant sans doute un peu plus présente et plus efficiente dans les affaires de l'humanitaire notamment, mais, à l'évidence, s'en tiendra là. Dit autrement, il appartient aux Américains de se dépêtrer du bourbier où ils se sont enlisés. Notons que le texte de la résolution adoptée à l'unanimité par les quinze membres du Conseil de sécurité dans la soirée de vendredi, a été rédigé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, les deux maîtres d'oeuvre de l'invasion de l'Irak en mars 2003. Après l'adoption de la résolution 1770, qui charge d'un rôle accru la Mission d'assistance des Nations unies en Irak (Manui), le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré à la presse que l'ONU agirait «en qualité de médiateur» répondant à une question des journalistes. «Oui, ma réponse est oui», a-t-il dit. «Promouvoir et encourager le dialogue politique entre les différentes factions et les groupes religieux et ethniques, ce sera l'un des domaines importants dans lesquels les Nations unies seront engagées» a-t-il encore précisé. Tel sont, indique-t-il «les domaines dans lesquels les Nations unies vont accroître leur rôle», émettant dans le même temps l'espoir que «la session annuelle de l'Assemblée générale (de l'ONU) en septembre fournira une autre occasion» d'avoir «une réunion ministérielle des pays de la région». M.Ban a, d'autre part, souligné que «c'est aux Irakiens eux-mêmes de se créer un avenir pacifique et prospère, avec le soutien de la communauté internationale». De son côté, l'adjoint de M.Ban pour les affaires politiques, Lynn Pascoe, avait indiqué que le plafond du personnel onusien en Irak, actuellement fixé à 55 personnes, pourrait évoluer jusqu'à 95 personnes. Le plafonnement du personnel onusien avait été décidé en août 2003 pour raisons de sécurité, après l'attentat qui coûta la vie à plusieurs membres de la Mission de l'ONU dont le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU.