Les voyageurs ont recours à la «tchipa» pour «forcer le silence des douaniers véreux». Les Algériens sont reconnus comme des adeptes invétérés du voyage. Sur les milliers, voire les millions de voyageurs algériens, la plupart, esprit économique oblige, voudraient rentabiliser le coût du déplacement. Hormis les «passeurs de cabas», très fréquents sur les différentes lignes internationales, certains voyageurs optent pour une autre cargaison, moins volumineuse et autrement plus rentable et qui plus est une «denrée» dont le prix ne chute jamais sur le marché. L'or jaune et blanc constitue un investissement sûr pour cette frange de voyageurs lesquels, ramenés en petites quantités, peuvent échapper aux contrôles. Lorsque les quantités sont importantes, les voyageurs ont recours à «la tchipa» pour «forcer le silence des douaniers véreux». En matière de saisie, l'institution douanière a enregistré une quantité importante. A titre informatif et durant l'année 2001, 103.000 grammes d'or blanc (103 kg), dont le coût sur le marché intérieur est évalué à environ 340 millions de centimes, ont fait l'objet d'une saisie et ont été soumis à une taxe, redevable par les voyageurs, représentant la somme de 680 millions de centimes. Concernant l'or jaune, 49.812 grammes soit 49 kg évalué à un peu plus de 526 millions de centimes ont été saisis et les propriétaires soumis à une taxe s'élevant à environ 915 millions de centimes. Comparativement au nombre bien plus élevé de voyageurs, les quantités saisies renseignent sur l'ampleur du trafic diminué considérablement par la pratique «de la tchipa exercée par les douaniers sur les amis, proches ou autres petits trafiquants naissants». Les nombreux témoignages de ces jeunes et moins jeunes évoquent «des réseaux activant quotidiennement grâce à la complicité de douaniers évoluant dans différentes sphères de l'institution». Durant la même année, quelque 251.050 FF (25 millions de centimes français) représentant l'équivalent d'un peu plus de 275 millions de centimes algériens, ont fait l'objet de saisie et leurs propriétaires soumis à une redevance de 551 millions de centimes algériens environ. Ces chiffres, selon certaines sources dignes de foi, «sont en deçà des quantités devant être saisies». En plus clair, la source proche de l'institution affirme que «si tous les agents de la douane faisaient consciencieusement leur travail tous les trafics seraient circonscrits». Comme quoi «l'éradication du trafic en tous genres est tributaire de l'intégrité des douaniers».