Au FFS comme au RCD, le changement prend la voie de la scission ou de l'exclusion. Au RND et au FLN, il prend la voie de la «révolte». «Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais.» Cet adage s'applique à merveille à plusieurs leaders de partis politiques qui prônent l'alternance au pouvoir, mais qui se refusent à céder leur place au sein même de leur propre formation. La culture de l'alternance est absente au sein des partis politiques algériens. C'est une vérité incontestable. Les observateurs de la scène politique nationale l'avouent. Les électeurs aussi. Les militants revendiquent un changement. Les exemples ne manquent pas. Les luttes intestines secouant quelques formations politiques nationales sont légion. Mieux encore, la majorité des présidents de parti souhaitent rester «éternellement» comme tel. Pour justifier leur «éternalisme», chacun y va de ses prétextes pour «s'enraciner» le plus longtemps possible sur sa chaise. Le problème est plus profond pour ceux qui revendiquent l'alternance au pouvoir. Islamistes, démocrates ou partis dits nationalistes, le «zaïmisme» semble la devise des chefs de partis nationaux. Au FFS comme au RCD, le changement prend la voie de la scission ou de l'exclusion. Au RND et au FLN, il prend la voie de la «révolte». Dans les rangs des partis islamistes, les putschs sont les moyens du changement par excellence. Jamais un chef de parti, et encore moins un simple responsable, soit-il, n'a manifesté son souhait de se retirer du poste qu'il occupe, de son propre gré. Pis encore, même lors d'un échec politique, flagrant, ou d'une autre nature, les chefs de parti ne se remettent jamais en cause, et encore moins leurs stratégies. Les crises qui secouent la majorité des partis ne sont pas insignifiantes. Elles posent un problème purement politique dans le fond. A commencer par les partis qui se revendiquent démocrates. Le plus vieux parti d'opposition, le FFS, a été présidé, 44 ans durant, par un seul président: Hocine Aït Ahmed. En dépit des mouvements de déstabilisation qui ont secoué le parti, Aït Ahmed demeure l'inamovible «zaïm». Le dernier mot lui revient toujours. Il gère les affaires du parti d'une main de fer, selon sa vision des choses, sa conception de la démocratie. Le FFS a consommé plusieurs secrétaires nationaux. Cela témoigne que personne, au sein du parti, n'a pu tenir tête au premier et en même temps dernier président du parti. Idem pour son frère ennemi, le RCD de Saïd Sadi. Même gestion, même logique et mêmes problèmes. Saïd Sadi ne rate jamais l'occasion pour réclamer le départ du pouvoir en place, sous prétexte du changement. Or, l'alternance au sein de sa formation reste toujours un sujet «tabou». Aucun militant, aucun dirigeant n'osent en parler. Certes, les congrès traditionnels se tiennent. Mais c'est l'histoire de l'arbre qui cache la forêt. Les résultats sont là: le même président, candidat à sa propre succession, finit par être reconduit à la tête du parti. L'élève, le Dr Sadi, suit les traces de son maître en politique, Hocine Aït Ahmed. Les partis de la mouvance islamiste ne dérogent pas à la règle. Le parcours de Abdallah Djaballah en est la preuve. Il a été chassé du mouvement En Nahda. Pour se replacer dans l'échiquier politique national, il a créé un nouveau parti, El Islah. Même sort. Djaballah est victime d'un nouveau coup d'Etat. L'affaire est entre les mains du Conseil d'Etat. Ce dernier rendra son verdict en janvier prochain. De son côté, le MSP n'échappe pas à cette «logique». Un seul changement s'est produit à la tête du parti, suite à un cas de force majeure, à savoir le décès de son fondateur, Cheikh Mahfoud Nahnah, en 2003. Depuis cette date, un seul nom conduit le parti: Boudjerra Soltani. En outre, la «révolte» est le meilleur moyen du changement au sein des partis du pouvoir. Aussi, c'est à se demander si les défenseurs de la démocratie finiront un jour par assainir cette politique dans leur maison d'abord. Autrement dit, les partis politiques algériens prôneront-ils, un jour, la culture de l'alternance au sein de leur parti, avant de la revendiquer au niveau du pouvoir central? Certainement, que les responsables des partis politiques continueront à se prévaloir de la «démocratie dans leur pratique politique, mais de façon contradictoire». Il faut savoir balayer d'abord devant sa porte.