Des deals contre nature sont en train de voir le jour. La fringale des prochaines sénatoriales bouscule les moeurs politiques jusqu'à briser les barrières idéologiques. En effet, des alliances contre nature sont en train de se tisser. Une première dans l'histoire politique récente du pays: le Front de libération nationale (FLN) envisagerait des alliances «locales» avec le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Rien que cela! Joint, hier, par téléphone, M Saïd Bouhadja, porte-parole du FLN, n'a pas exclu cette éventualité. Confirmation: «Nous sommes prêts à établir des alliances locales avec des formations en dehors de l'Alliance présidentielle. Dans notre stratégie, nous n'excluons aucun parti, y compris le FFS et le RCD.» Cette démarche prend en considération «les spécificités politiques de chaque wilaya». Ainsi, le FLN, première force politique en termes de représentation dans les deux chambres du Parlement, donne le «la» des jeux de coulisses qui pèseront lourd sur l'issue du renouvellement du Sénat. Et dans toute cette histoire, ce sont, plutôt, les convictions partisanes qui risquent fort d'accuser le coup. Si cela venait à se concrétiser, le prochain rendez-vous électoral réussirait là où les précédentes échéances ont échoué: mettre des partis politiques aux positions diamétralement opposées sur le même piédestal, le temps des élections partielles de la chambre haute. Lesquelles sont prévues fin décembre prochain. Objet de convoitise, les sièges des wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou mettent en effervescence les élus du RCD et du FFS. Fortement représentés dans ces deux régions, ces deux partis auront à jouer un rôle important dans le jeu des alliances qui s'annonce d'ores et déjà palpitant. Pourtant, le parti de Aït Ahmed a, récemment, annoncé «le rejet des sénatoriales». Est-ce pour autant qu'il faut se fier aux positions officielles des uns et des autres? Loin s'en faut. Preuve en est, le Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) laisse la porte des négociations ouverte «à tous les partis politiques». Sur ce point, M.Mansour Abdelaziz, chef du groupe parlementaire du MPC, a indiqué: «Nous traiterons avec le MSP (Mouvement de la société pour la paix), comme partenaire politique, au même titre que les autres partis de l'Alliance présidentielle, le RND et le FLN.» Le mot est lâché! Le MPC est prêt à pactiser avec le MSP. Pour rappel, le mouvement mené par Hamid Menasra est né d'une scission au sein de la formation de Bouguerra Soltani. A ce titre, les membres du MPC comptent déposer leur dossier pour agrément, dans les jours à venir. «Pour le moment, nous comptons aller vers la création d'une association nationale», a tenu à préciser M.Mansour. Ainsi, l'éventualité de faire du MPC un parti politique est remise à plus tard, du moins à l'après-sénatoriales. Justement, cette échéance intervient dans un contexte politique particulier. Alors que des formations politiques sont menacées de disparition, d'autres formations, nouvellement créées, sont en stand-by. La raison est toute simple: l'attente de l'agrément. C'est la situation dans laquelle se trouve le Parti liberté et justice de Mohamed Saïd. Candidat malheureux à la dernière présidentielle, M. Mohamed Saïd avait annoncé la création de son parti. Cette annonce a été faite en début de l'année en cours. Depuis, le PLJ attend toujours le fameux sésame administratif pour se déployer sur le terrain. «Nous allons épuiser toutes les voies de recours légales», a affirmé, hier, l'ancien porte- parole du parti non agréé Wafa, du Dr Ahmed Taleb El Ibrahimi. Cependant, Mohamed Saïd a assuré: «La position de l'administration est plutôt positive car le refus de l'agrément nous aurait été notifié.» Ces derniers temps, le bruit a couru sur l'attribution de l'agrément au PLJ, dans les 15 prochains jours. S'exprimant sur la question, Mohamed Saïd a indiqué: «Le non-respect des délais réglementaires est monnaie courante dans notre pays. Donc, nous ne pouvons nous fixer sur l'échéance d'octroi de l'agrément.» Sur un autre plan, le parti AHD 54 fait face à des turbulences internes. Survenus au lendemain de présidentielle passée, ces tumultes sont assimilés à une «conspiration». Laquelle conspiration viserait la tête du chairman Ali Fawzi Rebaïne. Au vu de tout ce remue-ménage, il est clair que les prochaines sénatoriales se tiendront dans un contexte de redéfinition de la carte politique nationale.