Un mort. 44 personnes ont dû passer par les services des urgences. Un nouveau cas d'admission a été enregistré hier à l'hôpital El Kettar à Alger. L'état de santé du patient, sans être jugé préoccupant, nécessite tout de même un traitement de plusieurs jours. Depuis la journée de lundi, la cité des 200 logements du quartier Les Eucalyptus de la banlieue d'Alger est sous le choc. Un jeune adolescent âgé d'à peine 17 ans est décédé des suites d'une intoxication alimentaire. Après avoir consommé une pizza avec de la mayonnaise avariée, le jeune adolescent qui se plaignait de douleurs abdominales a fait pratiquement le tour des hôpitaux d'Alger. Zemirli, Mustapha et El Kettar où il a finalement rendu l'âme. Le propriétaire de la pizzeria risque, dans le cas où l'enquête déclenchée prouve qu'il y a meurtre sans préméditation, une lourde peine de prison. Selon des sources médicales proches de l'établissement hospitalier d'El Kettar, où a eu lieu le décès, son cas aurait dû nécessiter une admission en réanimation. Pourquoi n'a-t-elle pas eu lieu? Faute de place paraît-il. Le constat est désolant. La fatalité ajoutée à la légèreté sont passées par là, en catastrophe. Un drame humain qui soulève bien des questions. Il met le doigt sur les difficultés jusqu'au cou dans lesquelles pataugent les hôpitaux algériens. Faute de moyens, on passe allégrement de vie à trépas. Ne pas suffisamment prendre très au sérieux les symptômes d'une simple intoxication alimentaire peut s'avérer fatal. Les bactéries qui ont infecté la mayonnaise, à l'origine selon toute vraisemblance du drame, n'auraient dû provoquer qu'une simple intoxication. Elles se sont transformées en véritable poison. Elles se sont infiltrées dans le sang. C'est ce que nous a expliqué l'interne de service de l'hôpital algérois. Pas moins de 44 personnes ont dû transiter par les services des urgences de l'hôpital El Kettar. Elles se sont toutes restaurées dans le même établissement que le jeune homme décédé. Elles ont toutes consommé de la mayonnaise. L'établissement commercial, une pizzeria, du quartier Les Eucalyptus, à l'origine du drame, a été fermé. Une enquête a été ouverte. Les conditions d'hygiène dans lesquelles prospèrent les commerces de nourriture rapide sont désastreuses. La confection artisanale de mayonnaise, quelquefois non maîtrisée mais aussi soumise à des conditions de réfrigération non conformes à la norme, peut se transformer en drame. Les 1500 contrôleurs lancés par les pouvoirs publics à l'assaut des établissements ne respectant aucune règle d'hygiène, ne semblent pas souffrir pour éradiquer ce mal. Un mal mortel. 500 décès et quelque 4000 cas d'intoxication sont diagnostiqués chaque année en Algérie. Des chiffres avancés par l'Organisation mondiale de la santé. Des chiffres qui pourraient, en réalité être quatre fois plus importants si l'on prenait en compte les cas d'intoxication non déclarés. Une nouvelle culture alimentaire s'est développée avec l'éclosion de nourriture rapide. Elle a transformé les habitudes culinaires des Algériens (carantita+harissa+mayonnaise...). Déséquilibrée et anarchique, elle constitue un danger avéré pour leur santé.