Touché par la crise financière internationale, le numéro un mondial de la sidérurgie réduit sa production de 35% pour le quatrième trimestre de l'année. Conséquence, le géant indien a décidé de revoir sa stratégie d'investissement en Algérie. Crise à El-Hadjar. Les espoirs fondent comme de l'acier. Le numéro un mondial de la sidérurgie est frappé de plein fouet par la récession économique. Les résultats publiés par le groupe hier matin, sont apparus en dessous du consensus, alors que des réductions de la production ont été mises en place. Face à la persistance de la crise financière mondiale, Arcelor Mittal installé en Algérie, où le complexe sidérurgique d'El Hadjar emploie plus de 8000 travailleurs, s'est trouvé dans l'obligation de réduire son taux de production à 35% au quatrième trimestre, contre 15% visé initialement, et l'arrêt de 15 hauts-fourneaux à travers le monde pour «s'adapter» à la baisse de la demande. En outre, devant les effets de la crise mondiale, Arcelor Mittal a décidé l'annulation d'une commande en métal estimée à 10 millions de dollars américains. Autres pronostics de la gravité de la crise et des difficultés que traverse le complexe, la baisse significative des approvisionnements en matières premières. Cet état de fait a mis le géant mondial de l'acier dans l'incapacité de faire face à cette crise et aurait risqué la fermeture. La possibilité d'une fermeture qui s'est répandue comme une traînée de poudre dans le complexe, a semé une panique au sein des 8000 ouvriers, hantés par le spectre du chômage qui menace non seulement leur vie professionnelle mais aussi leur vie sociale. Questionnés sur la situation, certains travailleurs démoralisés déclarent: «Nous déplorons la fermeture du complexe, mais nous appréhendons notre situation de chômeurs, surtout que la plupart d'entre nous sommes des pères de famille.» Accusant la direction du complexe d'être à l'origine de cette situation et du dysfonctionnement, ils ajoutent: «La crise mondiale n'est pas le seul facteur de la perturbation. Les problèmes techniques sont aussi à l'origine de la perturbation du rythme de travail de cette immense usine.» D'autres par contre estiment que «la crise n'aurait pas eu à toucher le complexe sans les pressions exercées sur la direction de l'entreprise afin de la pousser à revoir sa présence en Algérie...» Dans le milieu des travailleurs on parle de «pénalités de retard que le géant de l'acier devrait régler pour des commandes qui n'auraient pas été honorées...» D'autres révélations feraient état «d'entreprises étrangères qui auraient annulé leurs contrats avec Arcelor Mittal, lui faisant ainsi perdre des centaines de millions de dollars/j, et des clients potentiels, pouvant lui permettre de maintenir son niveau de production, d'où l'étranglement financier de l'entreprise.» En rapport avec la situation prévalant, une réunion d'urgence a été tenue la semaine écoulée afin d'essayer d'éviter la fermeture du complexe, voire la faillite. En tout état de cause, une chose est certaine, la décision de réduire de plus de 50% les prix aurait été prise par la direction de l'entreprise. Toutefois, il convient de noter qu'une telle décision ne peut être prise sans l'approbation de l'Etat, partenaire d'Arcelor Mittal et détenteur à 30% du complexe. Par ailleurs, selon le porte-parole de la section syndicale de l'entreprise, «la délégation gouvernementale, lors d'une récente réunion, a fixé aux 2 et 3 janvier prochain aux fins de réviser et renégocier la grille des salaires de 7000 ouvriers. Aussi, il convient de noter que la réunion prévue à ces dates sera tributaire de l'amélioration de la situation économique et financière de l'entreprise». L'interlocuteur ajoute: «Pour l'heure, le temps est pour la préservation des postes d'emploi des travailleurs ainsi que leurs acquis sociaux, et les mesures drastiques prises sont orientées dans ce sens.» Au sujet des mesures prises conjointement par l'entreprise et le syndicat, il s'agirait, selon le représentant de la section syndicale, de la rationalisation des dépenses dont, notamment, la révision des contrats liant Arcelor Mittal aux entreprises et microentreprises sous-traitantes, afin de faire face à toute éventualité. Les retombées de la crise financière mondiale ont aussi obligé le géant indien à réviser sa stratégie d'investissement en Algérie, croit-on savoir auprès d'une source interne. La direction d'Arcelor Mittal se trouvant dans une situation difficile, n'avait pour alternative que de retarder le lancement du nouveau projet sidérurgique de Jijel portant la réalisation d'un laminoir de 6000 tonnes de rond à béton, en faveur de la sauvegarde des postes d'emploi pour les travailleurs d'El Hadjar, Annaba, ajoute la même source.