Le lien entre les narcotrafiquants et les réseaux de soutien au terrorisme n'est pas à écarter. La culture de cannabis à Béjaia prend de plus en plus de l'ampleur. Ce qui n'est pas sans susciter de nombreuses interrogations aussi bien au niveau des services concernés qu'au sein de l'opinion locale. Les multiples découvertes de champs de cannabis, leur étendue et les quantités importantes saisies laissent penser que la région de Bejaia en particulier, et l'Algérie en général, passe du statut de pays consommateur à celui de producteur de drogue. Le phénomène n'est certes pas propre à la wilaya de Béjaia, mais il reste que les saisies opérées récemment dans cette région, ajoutée à la recrudescence du terrorisme, laissent croire à un lien étroit entre les narcotrafiquants et les groupes terroristes qui écument la région. L'arrestation avant-hier d'un individu du milieu paysan va peut-être éclairer la lanterne des services de sécurité. D'ailleurs il a été écroué hier. Au-delà du fait que cette arrestation permettra à la Gendarmerie d'identifier les autres membres du groupe, la question portant sur les rapports que la bande de narcotrafiquants entretient avec les groupes terroriste trouvera à coup sûr sa réponse. Présentement, les services de sécurité se refusent à faire tout rapprochement entre les deux fléaux même si mondialement c'est une lapalissade. A Béjaïa, le colonel du groupement de la Gendarmerie déclarait hier qu'«au cours de toutes les enquêtes initiées en la matière il n'y a jamais eu de constat en rapport avec le terrorisme». Le colonel Dramchia préfère expliquer cette ampleur par les caractéristiques géographiques et climatiques qu'offre la région où ont été découverts les champs de cannabis. «C'est une région très propice à ce genre de culture de par son isolement et l'abondance de l'eau», soutenait le premier responsable du groupement de la Gendarmerie nationale de Béjaïa, joint hier par téléphone. A la question de savoir s'il y a un lien avec le terrorisme, notre interlocuteur dira: «Jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons jamais eu à rencontrer d'indice prouvant cette éventualité». Le cannabis (haschisch, kif), la drogue la plus consommée en Afrique, est cultivé au Maroc, principal fournisseur de l'Europe occidentale, mais aussi en Egypte, au Ghana et au Sénégal. Et le voici qui se fraie un chemin en Algérie, comme témoignent les nombreuses saisies de plants dans plusieurs wilayas. La dernière découverte fait mention d'une saisie de 420 plants de cannabis, 25 kilogrammes de kif traité et 300 graines de semence. Ce troisième exploit, qui n'est pas des moindres, enregistré par la Gendarmerie nationale sur le territoire de la wilaya de Bejaia en l'espace de deux mois seulement n'a été rendu possible que grâce à la nouvelle politique adoptée par ce corps de sécurité depuis son retour sur la scène locale. En disgrâce avec les populations à la suite des incidents du Printemps noir d'avril 2001, la Gendarmerie nationale a su opérer son retour en misant sur une politique de proximité qui donne bien ses fruits aussi bien sur le plan de la lutte antiterroriste que sur celui du trafic de la drogue et de la criminalité en général. Le premier responsable de la Gendarmerie de Béjaïa a d'ailleurs tenu à préciser l'apport précieux des citoyens dans la lutte contre tous les fléaux sociaux.