Vu les performances de notre équipe nationale, rencontrer le Brésil relevait du rêve. Un match Algérie-Brésil (aujourd'hui à 17h30 à Montpellier), en plein mois d'août, alors que le championnat national n'a pas encore débuté, a l'effet d'un cheveu sur la soupe déjà fade du football algérien. Dans la démesure ambiante de cette discipline on en est venu à ignorer ou à oublier qu'elle était tellement en déclin que rares étaient les équipes qui cherchaient à la rencontrer. C'est qu'en effet, on a la fâcheuse tendance à voir toujours notre football avec une sorte de kaléidoscope qui en déforme le standing. Chez nous, on continue à parler de lui, comme s'il continuait à enfanter de grosses pointures mondiales en matière de joueurs. Dans un souci de commercialité, on a fait de sportifs de dernière catégorie des athlètes dignes des plus grands champions de la planète. Par la force des choses, l'équipe nationale qui en sortait n'avait rien de l'adversaire craint et respecté. Elle devenait, tout simplement, un Onze banal, comme il en existe des dizaines dans le monde, comme le démontre sa place dans le classement de la Fifa qui se situe au-delà de la 70e position. De telles équipes, tombent dans l'anonymat et doivent faire du porte-à-porte dans l'espoir de trouver des sparring partners pour se préparer aux échéances officielles. Il en est ainsi de l'équipe nationale d'Algérie, victime de son pauvre football et de ses très mauvais résultats sur le terrain. Celui qui ne reconnaît pas une telle situation est un beau rêveur, doublé d'un utopiste de la dernière livrée. La confrontation face à l'Argentine, il y a un peu plus d'un mois, et celle de ce soir tendent à prouver le contraire. C'est oublier qu'elles ont été «montées» par un organisateur suisse chargé de trouver des adversaires aux deux sélections sud-américaines dans leurs tournées européennes. L'organisateur en question a choisi notre équipe nationale parce que, Argentins et Brésiliens ont dû lui demander de lui choisir, dans le tas, des adversaires de moindre calibre. Ce sont des choses qu'il faut admettre même si elles sont cruelles à dire. Il faut faire preuve de réalisme, dans la conjoncture mondiale actuelle du football. notre équipe nationale n'aurait rencontré les Argentins et les Brésiliens qu'en rêve ou en Coupe du monde, une compétition inabordable pour elle par les temps qui courent ou bien, tout simplement, en payant le prix fort. Il a, donc, fallu qu'un organisateur helvétique se tourne vers nous pour lui faire ce qui est considéré comme un cadeau. Maintenant, il s'agit de voir si opportunité il y a de jouer contre la meilleure équipe du monde. L'entraîneur national, Jean Michel Cavalli, a estimé que oui, pensant que Brésil ou pas, grand adversaire ou pas, il fallait tester les joueurs algériens avant l'important rendez-vous du 9 septembre en Gambie. C'est là un drôle de défi pour le Français pourtant échaudé par l'expérience argentine qui s'était terminée par une cruelle désillusion au stade du 5-Juillet face à la Guinée. De toutes les manières, il n'aurait pas joué le match de ce soir, on lui serait tombé dessus pour être allé en Gambie sans match amical de préparation. On avait bien reproché à Mahieddine Khalef et Rachid Mekhloufi de n'avoir pas remporté la Coupe du monde en 1982 après avoir battu la RFA en match inaugural. Il n'empêche que les Verts vont devoir se mesurer à un mois d'intervalle à ce qui se fait de mieux dans le monde en matière de football. Des Verts qui sont restés sur une dernière sortie pleine d'amertume face aux Guinéens et qui doivent sans doute savoir que n'importe quelle performance réalisée ce soir ne saurait faire oublier que l'objectif essentiel est porté sur Banjul et sur la date du 9 septembre. En dépit de ce qui s'est passé face aux Guinéens, Cavalli n'avait d'autre alternative que celle de faire appel au même contingent de joueurs, qui est à très forte proportion d'émigrés. C'est la logique mais aussi la misère de notre football en joueurs de talent qui veulent cela. Notre championnat national ne produit plus de la qualité, on ne peut, donc, se tourner que vers ce nous offre notre émigration. Celui qui soutient le contraire devra nous expliquer comment «l'astucieux» Achiou n'a même pas pu s'imposer dans le plus que modeste club suisse d'Aarau, et pourquoi Daham n'est plus titulaire dans le club de seconde division allemande de Kaiserslautern. Ce n'est pas de leur faute mais à tout un système qui a fait qu'ils ont raté quelques paliers dans leur formation de joueurs. Mais là nous ouvrons un dossier sur lequel il vaut mieux débattre une autre fois.