Les deux rounds de négociations qui ont eu lieu à Manhasset, dans la banlieue de New York aux Etats-Unis, entre Sahraouis et Marocains n'ont pas permis une avancée du dossier. C'est à partir des territoires libérés (Chahid El-Hafed) que le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, M.Mohamed Abdelaziz a déclaré que l'initiative marocaine du projet d'autonomie du Sahara occidental tend à «s'étioler». C'est lors d'une réunion qui a rassemblé des responsables sahraouis que le président de la Rasd a tenu à le souligner. Le Royaume chérifien «en dépit du soutien affiché par ses alliés à Paris, à Washington et à Madrid n'a pu imposer son initiative d'autonomie comme unique alternative pour le règlement du problème», a relevé le responsable sahraoui. M.Mohamed Abdelaziz a tenu à faire remarquer que le Royaume du Maroc ne bénéficierait plus du soutien dont il avait les faveurs auparavant. L'internationalisation de la question sahraouie commence effectivement à produire les effets escomptés. Les responsables sahraouis n'ont jamais caché leur admiration pour la révolution algérienne. et ils comptent mener leur pays à l'indépendance en prenant en exemple l'expérience qui a mené l'Algérie à recouvrer sa souveraineté. La question du Sahara occidental a été et reste, relève-t-on dans les milieux proches du dossier, un problème de décolonisation. La problématique sahraouie entre en droite ligne de ce fait dans la résolution 14-15 laquelle édicte purement et simplement les droits des peuples colonisés à l'autodétermination. Elle a été votée en 1960 par le Conseil de sécurité de l'ONU. Contre toute logique, le Royaume du Maroc fait des pieds et des mains pour que les territoires annexés en 1975 après le départ des Espagnols restent dans son giron. Tout le monde garde en mémoire la fameuse «marche verte» où le défunt souverain marocain Hassan II, avait lancé ses troupes à l'assaut du Sahara occidental. Une armée de civils en haillons sous l'oeil des caméras des télévisions de toute la planète. Le président de la République sahraouie, M.Mohamed Abdelaziz se veut, non seulement préventif, mais terriblement méfiant à l'égard de la puissance colonisatrice marocaine. «Le Maroc jouera toutes ses cartes tant sur le plan psychologique que matériel, pour porter atteinte à la cohésion du peuple sahraoui», a-t-il déclaré. Le palais chérifien pris par un vent de révolte et de contestation provoqué par les récentes atteintes aux libertés d'expression mais aussi du malaise au sein des Forces armées royales, directement éclaboussées par des affaires de corruption et de drogue, a fort à faire pour maintenir son image de marque. Ces événements ont été fortement médiatisés à un niveau international. Tout cela combiné à une grogne sociale sournoise, peut conduire, un palais marocain aux abois à une opération d'envergure du genre de celle de 1975. Le Sahara occidental peut en constituer une belle aubaine. Mais la marche de l'histoire paraît irréversible. Le président de la Rasd voit en l'Intifadha déclenchée en mai 2005 dans les territoires occupés, un processus qui «a accéléré la recherche d'un règlement». Il a contraint le Maroc à négocier avec le Front Polisario et à brouiller les cartes du régime marocain, mais elle a aussi mis les Nations unies dans l'embarras, dès lors qu'elle s'est imposée dans les rapports du secrétaire général de l'ONU et des organisations internationales des droits de l'homme. La réalisation de l'indépendance sera sans doute longue mais le chemin semble tout tracé.