L'année 2008 serait-elle celle de tous les dangers? «L'Intifadha pour l'indépendance», c'est l'axe adopté par le gouvernement de la République arabe sahraouie. Il viendra renforcer son programme de l'année 2008. Vendredi, le chef de l'Etat, M.Mohamed Abdelaziz, précide un conseil des ministres. La décision est entérinée. Elle découle tout droit des recommandations du 12e Congrès du Front Polisario qui s'est tenu à Tifariti, dans les territoires sahraouis, libérés au mois de décembre 2007. Il faut donc s'attendre à une intensification des manifestations pacifiques revendiquant l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Elles n'ont d'ailleurs guère cessé depuis leur déclenchement, en mai 2005. Toujours sous le même slogan, «L'Intifadha pour l'indépendance». On se souvient qu'à la veille du 3e round des négociations de Manhasset, qui s'est tenu au mois de janvier dernier, le Polisario avait menacé de reprendre les armes en cas d'échec des pourparlers. Et ce fut effectivement l'échec qui a sanctionné les négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc. Tout cela sous l'égide des Nations unies. Doit-on alors craindre le pire? «Le renforcement des capacités humaines et matérielles de l'Armée populaire de libération sahraouie (Apls) et la consolidation de l'organisation politique du Polisario ont été également décidés», indique un communiqué de l'agence de presse sahraouie SPS. M.Khalil Sidi M'hamed, ministre sahraoui des Territoires sahraouis, et son collègue de l'Information ont dénoncé, dans leurs interventions respectives, «les violations systématiques des droits humains commises par le gouvernement marocain contre le peuple sahraoui». Tous les ingrédients d'un cocktail explosif semblent être réunis. Les organisations humanitaires, en tournée dans la région, avaient, elles aussi, vivement dénoncé les dépassements des autorités marocaines d'occupation. L'Organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) les avait vivement dénoncés. Elle a été relayée par l'Organisation internationale des droits de l'homme, Amnesty International. Tracts et drapeaux sahraouis sont accrochés un peu partout dans les territoires occupés. Ils appellent à la mobilisation contre l'occupation marocaine et revendiquent la libération des prisonniers politiques sahraouis. Le charnier de Smara, mis à jour accidentellement par des ouvriers qui effectuaient des travaux de terrassement, le mois de janvier 2008, en dit long sur la répression qui s'abat sur les militants sahraouis. Tout cela renseigne aussi sur l'impasse dans laquelle se trouve ce conflit, vieux de plus de trente ans. Le dernier exemple de colonisation de la planète qui prive le peuple sahraoui de son accession à l'indépendance. M.Peter Van Walsum, envoyé spécial de M.Ban Ki-moon au Sahara occidental, a avoué son impuissance: «Je n'ai pas de nouveau plan pour sortir de l'impasse», a déclaré le représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. En tournée dans la région, du 6 au 14 février, M.Peter Van Walsum a été reçu dans les camps de réfugiés sahraouis par le président de la Rasd, M.Mohamed Abdelaziz. Il a confié que «les positions des parties en conflit au Sahara occidental, le Maroc et le Polisario, sont encore très éloignées». M.Ban Ki-moon va encore plus loin. Dans le rapport du Conseil de sécurité de l'ONU du 25 janvier, il reconnaît que les trois rounds de Manhasset «ne sauraient être qualifiés de négociations». Le Maroc, pendant ce temps-là, campe, de manière obstinée, sur son projet d'autonomie du Sahara occidental. Le Polisario, de son côté, dénonce «un fait accompli de l'occupation coloniale qui nie le droit souverain et inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination». Le quatrième round de négociations, qui se tiendra dans la banlieue de New York à Manhasset, du 11 au 13 mars 2008, risque fort de tourner, lui aussi, en eau de boudin.