Des villages pleurent leurs morts et des familles comptent les dégâts. Le feu semble être maîtrisé et, hier, vendredi l'atmosphère était devenue normale à Tizi Ouzou. Le feu a laissé cependant des traces indélébiles tant dans les esprits que sur le terrain. Des villages pleurent leurs morts et des familles comptent les dégâts causés par le feu à leurs biens. Ainsi Beni Zmenzer a enterré une femme et ses deux enfants, morts calcinés, et le chef du service d'état civil, décédé alors qu'il était volontaire comme beaucoup de jeunes de la région pour lutter contre le feu qui menaçait les maisons. La même scène est, hélas, recensée dans le village voisin d'Aït Mesbah, dans la daïra de Beni Douala qui a enterré deux jeunes travailleurs, eux aussi morts en luttant contre le feu. Les biens brûlés se comptent par dizaines: des maisons léchées par les flammes, d'autres, complètement calcinées à Beni Zmenzeff, plus précisément à Bouasssem où deux véhicules de particuliers ainsi qu'une écurie avec 12 moutons et deux vaches qui ont été la proie des flammes. Du côté de Senana, près de Draâ El Mizan, c'est un poulailler de 3000 poules pondeuses et un autre de 2000 poulets ainsi que des ruchers qui ont été carbonisés. Des oliviers en nombre, des figuiers et des maquis ainsi que des forêts sont partis en fumée. Des hameaux ont été évacués devant la menace des flammes et de tous côtés des incendies menaçants ont été observés: à Aït Yahia où un mort est recensé, Azazga et Bouzeguène, Boghni avec une partie importante de la forêt d'oliviers de Tiniri et une partie de R'Mila dans la région de Tala Guileff ainsi que Beni Douala, Beni Zmenzer, Sidi Ali Bounab... Bref, ce ne sont pas moins de 16 localités qui sont la proie des flammes. Les gens commencent à se poser de sérieuses questions. Pourquoi ces feux et pourquoi doit-on brûler la Kabylie? Les citoyens se demandent si le feu est une arme de lutte antiterroriste et dans ce cas, ils veulent constater les résultats sur le terrain, car si l'on supporte ces dégâts et ces morts pour une bonne cause c'est tant pis! La Kabylie commence à respirer et espère que la vague de feu et d'enfer vécue récemment soit, et pour toujours, un mauvais souvenir! Un hommage particulier doit tout de même être rendu aux soldats du feu qui n'ont ménagé ni leurs efforts ni leur matériel pour se porter là où le devoir les appelle. Comment aussi oublier ces jeunes gens qui n'ont écouté que leur coeur en affrontant avec des matériels dérisoires les flammes et participé, souvent en payant le prix fort, au sauvetage des hameaux et villages! La Kabylie a échappé de peu à la totale destruction et reprend peu à peu ses esprits en espérant que ce genre d'enfer soit le dernier vécu!