Les politiques successives des gouvernements algériens n'ont pu faire émerger une économie productrice de richesses. Elles n'ont fait que redistribuer une infime partie de la rente pétrolière. La bipartite gouvernement-Centrale syndicale Ugta se tient aujourd'hui. Il sera question de l'adoption d'une nouvelle grille des salaires de la Fonction publique et d'augmentation de salaires. 1,5 million de fonctionnaires sont concernés. Qui est contre le principe d'augmentation des salaires de la Fonction publique? Personne. Le pouvoir d'achat du citoyen algérien doit être préservé. C'est une évidence. Sur quels critères et quelle base cette mesure doit être prise? Répond-elle à des mécanismes et à des indices de performances économiques qui ne remettront pas en cause l'excellente santé financière du pays? Les performances économiques en Algérie sont le fruit des exportations en hydrocarbures. Elles représentent quelque 98% des recettes financières. Le secteur productif est lui dans un état embryonnaire pour ne pas dire moribond. Le PIB algérien se chiffre à 2% bon an mal an. C'est dans cette description schématique, certes, mais vraie, que se trouve aujourd'hui l'économie algérienne. C'est dans un tel environnement économique que se tiendra la bipartite d'aujourd'hui. Il sera question de grille et d'augmentation de salaires de la Fonction publique. Un secteur improductif par excellence. C'est pour une minorité de hauts cadres de la Fonction publique que les augmentations de salaires, seront les plus conséquentes. Ceux dont la flambée des prix des produits à la consommation n'a pas érodé le pouvoir d'achat. Les disparités financières vont se creuser. La redistribution même infime de la rente pétrolière ne profitera réellement qu'à une minorité. Les augmentations de salaires qui doivent voir le jour auront lieu sur fond de crise sociale larvée. Elles jettent la suspicion sur leur caractère. Il est jugé populiste. Il s'agit avant tout d'apaiser les tensions et éviter à ce que le couvercle de la «chaudière sociale» n'explose. Ces mesures commencent déjà à faire jaser. Ce n'est pas la levée de boucliers. C'est la démarche qui est remise en cause. La polémique qui risque encore une fois de ressurgir est une affaire de spécialistes. De choix économique. Elle met en lumière en fait l'immobilisme dans lequel s'est enfoncé le secteur productif de l'économie nationale. Les richesses nationales ne sont pas le produit de la force de travail. Leur mode et leurs moyens de production n'obéissent pas au schéma classique de l'économie de marché. L'économie algérienne ne produit pas de plus-value qui permet de réinvestir dans des secteurs particuliers. Elle est même telle, qu'il est impossible de chiffrer la production du travailleur algérien. Le BIT, le Bureau international du travail, qui vient de publier un rapport ce dimanche, a classé les travailleurs américains, meilleurs travailleurs au monde en 2006. Leur production est de 35,63 dollars/heure. Les Français sont classés en 3e position avec une production de 35,08 dollars/heure. Il a été relevé dans ce rapport que la productivité en Asie de l'Est a doublé en 10 ans. Alors qu'en Afrique, les mauvais résultats économiques ont fait augmenter le nombre de travailleurs pauvres de 24 millions en dix ans. La rente pétrolière, cette poule aux oeufs d'or devrait être mise à profit pour faire installer durablement une économie productive performante, avant que le prix du baril n'en décide autrement. Cela illustre à quel point l'économie algérienne est fragile. La bonne santé financière du pays n'est pas synonyme de richesses, le pouvoir d'achat des Algériens peut en témoigner.