Les brigadiers verts ont estimé le non-paiement des amendes à 58 millions de dinars durant la période estivale. Hécatombe! La route ne cesse de compter ses morts. Cette saison estivale, à l'instar de ses précédentes, a été sanglante. En présentant le dispositif de prévention et de sécurité routière, baptisée «Plan Delphine» - mis en place depuis 2001 - le commandant Ali Bellouti, a lancé des chiffres qui donnent froid dans le dos, lors d'une conférence de presse, évaluation animée au commandement de la Gendarmerie nationale(CGN) à Chéraga. Les brigadiers verts qui assurent 80% de la sécurité routière ont enregistré, uniquement pour les trois mois de l'été, 7456 accidents de la route. 1063 personnes ont rendu l'âme, soit 12 morts par jour. Par ailleurs, quelque 13.547 autres personnes ont été blessées. Les causes sont diverses. 75% des accidents sont le fait du facteur humain. La route Nationale n°5 reliant Alger, Sétif et Constantine arrive en pole position. Se voulant répressifs, les services de la Gendarmerie nationale, via le plan Delphine basé au niveau des 14 wilayas du littoral, ont enregistré 82.693 délits et 53.285 contraventions relatives au nouveau Code de la route. A cet effet, précise le conférencier, 609.333 amendes forfaitaires ont été recommandées. Cependant, il convient de préciser que moins de 11% (10,64%) de ces amendes ont été payées. Une perte sèche de 58 millions de dinars pour le Trésor public. Une démonstration illustrant la position qu'occupe l'Algérie en termes de mortalité routière. Un laxisme qui en dit long sur les autorités concernées. A cette problématique, le commandant Ali Bellouti estime que la sonnette d'alarme est tirée pour la révision des textes législatifs et réglementaires régissant le domaine de la circulation routière. «Nos services ont appelé à la création d'une commission intersectorielle réunissant la Gendarmerie nationale, le Conseil national de prévention et de sécurité routière, le ministère des Transports... et les associations» a laissé entendre l'orateur en admettant que les décisions inclues dans le nouveau Code du 10 novembre 2004 sont moins répressives que prévu. Des propositions rejetées? En effet, la Gendarmerie nationale a appelé à l'immobilisation du véhicule après une infraction ayant trait au non-respect du Code de la route et le paiement de l'amende durant les 48 heures suivant le retrait des documents, dont le permis de conduire. Une proposition qui demeure lettre morte. A qui incombe la faute? En diminuant les sanctions, le législateur, à se fier aux propos de notre interlocuteur, en est grandement responsable. Les chauffards ont un sentiment d'impunité, ils continuent d'imposer leur loi. Preuves à l'appui, le commandant Bellouti a déclaré dans le même contexte que la Gendarmerie a insisté et insiste toujours sur l'instauration des tribunaux administratifs pour la poursuite des contrevenants. «On veut automatiser les sanctions», précise le conférencier. Des projets figurant dans le quinquennat 2005-2010 visant à endiguer le terrorisme routier. La création des entités au niveau régional est une priorité. D'ailleurs, «un centre d'information et de coordination routière (Cicr) sera ouvert à Bouchaoui à compter de l'année prochaine», a affirmé M.Bellouti.