Le vieux parti de l'opposition se démarque de l'ensemble de la classe politique et lance un appel pour un changement radical, urgent et salutaire des orientations politiques du pays. A l'issue de son congrès tenu les 5 et 6 septembre 2007, le FFS a reconduit à sa tête son chef historique et élaboré une nouvelle stratégie de redéploiement sur le terrain. Les congressistes, qui ont planché sur le document en atelier de réflexion portant le nom très révélateur de feu Abane Ramdane, ont doté le parti d'une feuille de route. Cette dernière, actualisée et adaptée aux évolutions de l'heure, se veut être une réponse aux attentes des citoyens qui se sont exprimés le 17 mai dernier et une réaffirmation des principes qui ont guidé l'action politique du FFS. Le ton utilisé par le parti porte l'empreinte du vieux front de l'opposition. Le constat fait dans la résolution de stratégie politique est catégorique. Il est notamment dit que le FFS, «principale force de l'opposition politique, se trouve logiquement au coeur des aspirations démocratiques de la société pour un changement radical, urgent et salutaire des orientations politiques, économiques, sociales et culturelles d'un régime qui a ruiné le pays». Il est donc question de «changement et non pas de réforme car le système dictatorial existant n'est pas réformable». Le FFS qui a boycotté les dernières élections législatives s'est fixé comme objectif dans son programme «l'ambition légitime de construire un Etat de droit selon les normes universelles et de gouverner le pays selon les principes démocratiques». Pour ce faire, le parti d'Aït Ahmed revendique «le plein exercice du droit à l'autodétermination des Algériens, lequel doit leur permettre de choisir librement la Constitution, les institutions et les hommes qui vont les gouverner. La construction d'une alternative démocratique avec les forces politiques et sociales autonomes mettant fin à la dictature». Pour mettre fin à la crise de légitimité du pouvoir en Algérie, le parti renouvelle son attachement à «l'élection d'une assemblée constituante pour restituer aux Algériens le plein exercice de leurs droits et libertés démocratique et instaurer la 2e République». Il annonce aussi la poursuite de la lutte politique «pour la séparation des pouvoirs et l'exigence de l'instauration de contre-pouvoirs effectifs (Parlement représentatif, système judiciaire indépendant, médias libres)». Pour arriver à l'instauration de cet Etat de droit pour lequel le FFS milite, des mesures «urgentes» sont préconisées: «La fin de l'état d'urgence, la levée de toutes les restrictions et entraves à l'exercice des droits d'expression, de manifestation, d'organisation et d'association, l'ouverture du champ médiatique, le retrait de toutes les lois aboutissant au bradage des ressources nationales.» Tout un programme qui replace le Front des forces socialistes à l'avant-garde du combat qui a été le sien depuis sa création en 1963. Sur le plan international, les congressistes ont ouvert le débat sur le thème de la libre circulation des Algériens dans le monde. Ils considèrent que cela «relève du respect des droits de la personne humaine» et dénoncent la politique de restriction des visas imposée aux Algériens par les pays développés. Le FFS y voit «une atteinte à la dignité de nos citoyens. Elle traduit le mépris dans lequel ces pays tiennent le pouvoir actuel qui brade une cause nationale contre des facilités accordées aux tenants de ce pouvoir, détenteurs du passeport diplomatique». Un appel est ainsi lancé pour «mettre fin à cette humiliation et restaurer la fierté nationale». Un sujet cher au président Abdelaziz Bouteflika qui en a fait son cheval de bataille lors des élections qui l'ont porté au sommet de l'Etat. «Pas de visas pas de pétrole» est un principe qui devrait être, aux yeux du FFS, «à la base de la redéfinition de notre politique de coopération avec nos partenaires dans le monde». Les congressistes n'ont pas omis de lancer un autre appel à l'adresse de «l'ensemble des forces vives de la société civile et politique pour se joindre au FFS pour la mise en oeuvre de cette stratégie».